Archive pour février, 2011

Classement général

28 février, 2011

J’ai une tête de premier de classe

Pourtant je voyage en seconde

Au collège je n’ai jamais dépassé la troisième

Je me suis enfui du lycée en quatrième vitesse

Pour aller voir la « Cinquième colonne » dans un cinéma

Du sixième arrondissement.

Puis avec Julia, je suis grimpé au septième ciel

Bien que j’habite au huitième étage.

Et que je sois le neuvième enfant de ma famille.

Mais Julia n’écoute pas le dixième de ce que je raconte.

A nos erreurs!

27 février, 2011

L’homme a inventé tout ce qu’il faut pour réparer ses erreurs. 

La gomme, le correcteur d’orthographe, la Sécurité Sociale, l’écologie, le divorce, le régime alimentaire, les stages de conduites pour rattraper des points perdus. Donc, il peut se tromper ce n’est pas grave. Je dirais même qu’il faut se tromper pour ne pas mettre en difficulté les marchands de solutions à nos problèmes. 

Mais il faut que l’homme fasse encore mieux… ou pire ! 

Si plus personne ne fait d’excès, d’une part on ne va pas rigoler souvent et d’autre part que vont devenir toutes ces entreprises de réparation ? Il faut penser aussi au légendaire taux de croissance puisque l’homme a génialement conçu de comptabiliser dans sa richesse produite tout ce qui sert à la détruire puis à la reconstruire. 

L’homme a bien compris son intérêt. Il faut qu’il commette des erreurs. Mais pour se tromper, il faut inventer des choses compliquées. L’homme s’y est employé assidument. L’orthographe par exemple. : écrire prémices ou prémisses ? Le code de la route est aussi une création intéressante, suffisamment sournoise pour entraîner une méconnaissance des règles de circulation,  six mois après le permis. Ou alors le mariage. Au début, on croit que c’est facile et puis après… 

Pour être encore plus sûr qu’il fasse des erreurs, l’homme a pris le parti de ne pas trop se former. Très peu de grammaire à l’école par exemple. Ou alors, il a mis en œuvre une campagne de pub pour se dire que le chocolat est bon pour la santé, puis six mois plus tard il a déchainé de nouveau les médias pour se démontrer la nocivité du même produit. L’homme ne comprend rien à lui-même et mets ainsi sa santé en danger. Parfait ! 

De manière générale, l’être humain utilise très bien la publicité pour s’auto-culpabiliser. L’homme ne consomme pas assez ou trop ou mal. C’est bien ! Il n’y a rien de pire que des gens qui ont confiance en eux, ils risquent de ne pas se tromper ! 

Résumons-nous : laissons les hommes accumuler les fautes ! Beaucoup de fautes. Il pourra en rattraper certaines et booster ainsi fièrement son taux de croissance. 

Pour le reste,  je pourrai intervenir tranquillement et les rattraper comme par miracle. 

C’est ce qu’on appelle dans le langage courant : l’opération du Saint-Esprit ! 

Défense absolue

26 février, 2011

Tout est interdit.

Il est interdit de stationner debout. Vous n’avez qu’à vous asseoir parterre.

Il est interdit bancaire au Caire.

Il est interdisciplinaire.

Il  est interdit de se baigner aux pommes.

Il est interdit de marcher sur la pelouse, mais on peut la survoler.

Il est interdit de parler au chauffeur, même s’il vous parle.

Il  est interdit de donner à manger aux animaux s’il ne vous en font pas la demande.

Il est interdit de fumer. Surtout les saumons.

Il est interdit de se pencher par la fenêtre du train. Certes, elle ne s’ouvre pas mais c’est interdit tout de même.

Il est interdit de demeurer interdit.

Pédestrement

25 février, 2011

Pierre était une épine dans le pied de Jean, son chef de service.

On le trouvait souvent les orteils en éventail sur son bureau.

Jean, lui, était la cheville ouvrière de la maison.

Il enjambait les difficultés avec aisance.

Sans le moindre faux pas.

Un jour, il mit les pieds dans le plat.

Et décida de talonner Pierre.

Il ne le lâcherait plus d’une semelle.

Vingt ans plus tard

24 février, 2011

Vers huit heures du matin, Georges s’est retrouvé sur le trottoir. Il s’est mis à marcher. Sans but précis. Georges se prit à penser qu’un homme qui met les pieds sur un trottoir doit obligatoirement marcher. C’est obligatoire. C’est un réflexe atavique. 

Alors que la foule matinale commençait à défiler en rang serrés autour de lui, il comprit qu’il se trompait. Des hommes restaient immobiles sur le pavé. Pire, certains s’asseyaient par terre sans se préoccuper du regard des passants. D’autres avaient passé la nuit couchés sur un enchevêtrement de cartons déchirés er de couvertures pourries. Les êtres qui marchaient ne semblaient nullement s’en préoccuper. 

La circulation était déjà intense, bruyante et enfumante. Les hommes et les femmes juchés sur leurs vélos étaient nombreux. Beaucoup d’entre eux peinaient, les traits tirés, prenant le risque à chaque instant d’être accrochés par une voiture maladroite. Georges pensa que ces cyclistes n’avaient plus les moyens de s’acheter un véhicule. 

Pour un matin de janvier, l’air était curieusement doux.  Les gens autour de lui ne se parlaient pas. Ils avaient tous une espèce d’écouteur dans les oreilles. Peut-être recevaient-ils des ordres d’une autorité invisible qui leur dictait leur conduite. D’autres personnes avançaient la tête penchée. Georges crût qu’il devrait aussi infléchir la tête en marchant, avant de s’apercevoir que ces hommes et ces femmes tenaient dans le creux de leur main un petit objet qui ressemblait à un téléphone minuscule. Ils n’avaient pas, sans doute, les moyens de s’acheter un moyen de communication plus facile à tenir au bout des doigts. 

Parfois, des enfants le dépassaient en portant des cartables bringuebalant sur leurs chétives épaules. Certains portaient des pantalons trop courts qui s’arrêtaient à mi-mollets. Pour d’autres au contraire, ce vêtement était beaucoup trop long, retombant en plis lourds sur leurs baskets maculées. Georges ne se rappelait pas avoir été vêtu aussi pauvrement pour aller à l’école. 

Il voulut revoir Geneviève. Lorsque celle-ci ouvrit la porte lourde et grinçante de son appartement, il comprit son erreur. Elle avait exagérément pris du poids. Trois enfants, ça n’aide pas à garder la ligne. Son peignoir bleu taché de café et de cendre la fagotait misérablement. 

Geneviève lui offrit du jus d’orange. Dans une bouteille en carton. Georges en déduisit que le niveau de vie de cette malheureuse avait bien baissé. Il chercha sur son visage son merveilleux regard bleu d’autrefois. Il eut du mal à entrapercevoir une étincelle sous ses paupières fatiguées, dans les replis de ses traits tirés. 

Le monde et Geneviève paraissaient s’être appauvris. 

Georges se souvint que, vingt ans auparavant, la société était riche, l’argent coulait à flots. Georges s’étonna de cette paupérisation Un cataclysme s’était sûrement abattu. Pendant tout ce temps passé en prison, il ne s’était aperçu de rien. 

Diable!

23 février, 2011

Marius tirait le diable par la queue.

C’était un être méphistophélique

Dans la rue, il effrayait les passants par son rire satanique.

Lorsqu’un gamin devenait infernal, les mères menaçaient d’appeler Marius.

Lorsqu’un homme était atteint du démon de midi, Marius intervenait pour le corriger.

Aussi, Marius avait-il beaucoup de boulot : il menait un train d’enfer !

Mais Marius n’était pas très malin.

Pendant son sommeil, il succomba un jour aux caprices d’une succube.

Nos bonnes idées

22 février, 2011

Les idées reçues ont la vie dure. Il faudrait ne pas les recevoir. Une fois qu’elles sont installées, elles s’incrustent, se vautrent sur les fauteuils de votre pensée, s’empiffrent dans le frigidaire de votre imagination et dorment dans le lit de votre esprit, tout en se réveillant à la moindre tentative de réflexion originale. 

Les idées fixes ne valent guère mieux. Lorsqu’elles sont accrochées quelque part, il est inutile de penser s’en décoller. 

Quant aux idées noires, il est conseillé de les éviter. Sans être raciste évidemment. 

D’autres idées ne sont pas très sérieuses. Certaines ne pensent qu’à faire des tours de manège. On les appelle les idées en vogue. 

Certains êtres  humains ne peuvent recevoir des idées qu’en altitude, après avoir atteint le sommet des montagnes. On dit alors qu’ils ont une haute idée d’eux-mêmes 

D’autres aiment prendre l’avion pour un oui ou pour un non, ce sont les idées en l’air. Elles y passent la majeure partie de leur temps. Les idées en l’air aiment voler n’importe où, selon n’importe quelle trajectoire. Parfois, elles passent pas la tête des gens ou alors font une escale derrière leur crâne. De là est venue la célèbre expression : « avoir une idée derrière la tête ». 

Les idées les plus sérieuses sont celles qui idées s’arrêtent dans l’esprit des gens. Mais il ne faut qu’elles s’incrustent, sinon elles deviennent des idées creuses. Et puis lorsque trop d’idées séjournent, forcément ça crée une espèce de fourmillement. On dit que la personne se met à bouillonner d’idées. Cela peut être très dangereux ! 

Lorsque des idées sont restées trop longtemps à la même place, leur propriétaire se lasse. Il fait en général ses valises et prend le train pour une autre destination. Pour se changer les idées. 

D’autres penseurs  se désolent parfois. Ils ont bien des idées dans la tête. Mais seulement le début. Ils n’ont pas de suite dans les idées. 

Des hommes  plus finauds ont inventé d’autres méthodes pour se débarrasser d’idées trop stagnantes. Ils se réunissent en un lieu et échangent leurs idées. C’est très astucieux ! Encore faut-il être sûr de ne pas troquer une bonne idée contre une idée noire ! 

Souvent, on n’entend des gens dirent qu’ils n’ont pas la moindre idée sur un sujet. C’est faux ! Ils les ont perdues tout simplement ! Ou alors, ils les ont lancées en l’air avec négligence ou bien ils les ont jetées sur le papier ! Et ils ont perdu le papier ! 

Je suis terre à terre

21 février, 2011

La manifestation bat le pavé.

Le musicien joue en sol majeur.

Marius cultive un parterre de fleur.

Les vaches marchent sur leur plancher.

Pour la star, on a déployé le tapis rouge.

La grippe gagne du terrain.

Les duellistes vont en découdre sur le pré.

Un visage connu

20 février, 2011

En ouvrant la porte d’entrée de mon appartement, je suis resté sidéré une fraction de seconde. Il a profité de ma stupéfaction pour pénétrer dans le hall de l’appartement. 

Il vend des aspirateurs. A la vue de l’engin qu’il vient de déposer à mes pieds j’aurais pu m’en douter. 

Moi qui croyais ne ressembler à personne, j’ai l’impression d’avoir devant moi l’homme que j’étais voilà trente ans. Je l’examine pendant qu’il m’explique qu’il est étudiant, qu’il doit faire des démonstrations pour gagner sa vie et que, par conséquent, je serais bien aimable de l’écouter pendant dix minutes. Je ne peux pas décemment me mettre à la porte, même à trente ans de distance. 

Ce regard noir, immobile, inquiet ! Et cette coiffure sagement peignée sur le coté ! Aucune fantaisie ! Et puis cet air de se demander ce qu’il fait là, je l’ai déjà vu tellement de fois dans un miroir ! A cet âge, je me croyais bon, moi aussi, de contrefaire l’air sérieux que je pensais nécessaire pour entrer dans le monde des adultes. J’ai envie de lui dire que son apparence est profondément ennuyeuse. 

J’ai forci. Je ne me souviens plus à quel moment j’ai pu prendre des kilos et de l’estomac. Lui se meut avec aisance. Il faudrait que je le mette en garde. S’il veut conserver cette taille, il faut faire beaucoup de sport. 

Il est vêtu d’un jean et d’un blouson de tissu bon marché ouvert sur une chemise à carreaux. En matière d’élégance vestimentaire, je ne faisais pas beaucoup mieux. 

« Vous allez avoir une surprise ! »

(suite…)

Faut-il virer l’entraineur ?

19 février, 2011

Louis prit la bretelle de l’autoroute.

Il venait de lire la manchette des journaux.

Son équipe avait pris une sérieuse déculottée.

Jean, son entraîneur avait retourné sa veste.

Il s’arrêta pour consulter une chemise qui contait son dossier.

Jean était un ancien col bleu comme Louis.

Il n’était pas fichu de faire autre chose que du foot.

Louis décida de ne pas lui tailler un short.

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