Archive pour janvier, 2011

A couvert!

31 janvier, 2011

Il masque son visage,

Et dissimule son sourire.

Il enrobe son discours.

Il s’abrite derrière les autres.

Il cache la vérité, c’est sûr !

Ou alors il couvre un mensonge.

Il ne faut pas qu’il escamote ses responsabilités.

Il ne doit pas se soustraire à la justice des hommes.

Ce serait un camouflet

Jojo et Roberta

30 janvier, 2011

Un jour en colonies, j’ai rencontré Jojo. Sur le vieux mur d’enceinte qui entourait la propriété, on aurait dit qu’il m’attendait au soleil. Les pierres grises dévorées par la mousse étaient son royaume. Je m’approchais à pas de loup, poussé par la curiosité. Je pensais qu’il se sauverait en se faufilant dans les buissons épineux où je l’aurais perdu de vue. 

A ma surprise, il se laissa saisir, puis caresser sous le ventre et le menton. J’avais attrapé le seul lézard vert domestique du canton. Avec ses petits yeux noirs qui clignotaient, il me regardait comme s’il m’espérait depuis longtemps. Presque comme un frère qui reviendrait de loin après une longue absence. 

Je me présentais à lui et avouais mes dix ans, en oubliant pas d’ajouter comme d’habitude : « et demi ». J’hésitais un peu sur son âge, je n’avais aucune idée de l’espérance de vie chez les lézards. A son agilité et à sa queue frétillante, je décidais qu’il ne comptait pas beaucoup plus d’années que moi et que nous pouvions donc jouer ensemble, voire même coexister. 

Je trouvais une boite en carton dont je garnissais le fond de paille et d’herbe. J’y installais mon ami après avoir pris soin de percer quelques trous d’aération. Il ne s’agissait pas d’étouffer Jojo. C’est ainsi que je décidais de l’appeler après une rapide consultation des diminutifs sympathiques que j’avais en mémoire. 

Dans les jours suivants, je circulais avec ma boîte sous le bras sans cesser de m’adresser gentiment à son occupant de telle manière que les autres avaient l’impression que je parlais tout seul, à haute voix. Comme un somnambule. 

Les colons devinèrent le contenu de la boite qui ne me quittait pas de la journée. Les réactions furent contrastées, comme disent les grandes personnes. Il y eut ceux qui exprimèrent leur dégout avec ostentation et qui reculaient à mon passage. Et puis, il y eut une petite minorité de curieux qui voulurent faire la connaissance de Jojo. Estimant que la peine que je me donnais pour élever ce nouveau camarade devait être récompensée, j’organisais des visites payantes de Jojo. Pour un euro, je soulevais le couvercle de la boite et mon client pouvait admirer mon ami pendant trente secondes. Pour deux euros, il avait l’autorisation de lui grattouiller la tête. Ou d’essayer, car Jojo ne s’accommodait pas de la camaraderie de n’importe qui.

(suite…)

Travaux de terrassement

29 janvier, 2011

Le trou de la Sécurité Sociale est un sujet qui préoccupe Ludo.

Ce déficit est le fossoyeur des espoirs d’une vie meilleure pour les jeunes.

Pourtant dans la Creuse, la vie est encore belle.

A Paris, les gens sont tous des bêcheurs.

Les prétentieux se ramassent à la pelle.

Ludo préfère s’enterrer dans une vie tranquille de province.

Il lit beaucoup : c’est un puits de science.

Il va construire lui-même sa maison : il vient de terminer les fondations.

Pour ce qui est de sa compagne, il n’a pas encore tranché.

Mais celle qui l’épousera aura réalisé une bonne pioche

Le petit échiquier

28 janvier, 2011

Jules voulait ce poste à tout prix.

Par un tour de passe-passe de la direction, il est revenu à Lucien.

Jules pense qu’il a été pris pour le roi des imbéciles.

Il n’admet pas cet échec.

La dame de son cœur non plus.

Mais elle lui dit que la vie offre d’autres perspectives : tout n’est pas noir ou blanc !

Mais Jules n’est pas un pion qu’on manipule n’importe comment !

Il devient fou à force d’y repenser.

Il lit les journaux en diagonale.

Il balance se chaussures qui atterrissent n’importe où dans un bruit mat.

Il doit se détendre : que Jules fasse une ballade à cheval ! C’est un excellent cavalier.

Réincarnation

27 janvier, 2011

« Tant qu’on a la santé, il ne faut pas se plaindre, ça pourrait être pire ! » 

« Et vous trouvez intelligent de dire ça ? Vous n’avez rien de plus banal ? » 

« Ben… non, il fallait bien que je dise quelque chose, Vous en avez de bonnes ! Vous avez une meilleure idée, vous qui êtes si malin ? » 

« Euh, non ! La conversation est un art difficile. J’en ai perdu la pratique depuis le XVIII ème siècle » 

« Parce que vous étiez là au XVIII ème siècle ! Vous ne faites pas votre âge ! Compliments ! » 

« Oui, en fin, je crois. A l’époque j’étais le Marquis de Essieux. J’étais très introduit à la Cour. On savait causer dans les salons  dans ces temps là ! » 

«  Parce que vous croyez à la réincarnation ?» 

« Oui, avant l’épisode du Marquis, j’étais Jeanne d’Arc. Et peut-être Vercingétorix encore avant, mais là, il y a débat. Si vous croyez que je me souviens de tout ce que j’ai été ! C’est que ça remonte loin ! 

En fait pour le Marquis, je ne suis même pas sûr. C’est mon cousin qui me l’a dit. Lui, il pense qu’il était Lafayette. D’ailleurs, il sent quelque chose d’étrange dans sa chair chaque fois qu’il rentre dans les Galeries du même nom ! C’est bien une preuve ! » 

« Finalement, je suis content de vous rencontrer, Monsieur le Marquis, parce qu’au XVIII ème siècle, je crois que j’étais gueux. Mais alors vraiment gueux ! Un gueux bien de chez nous ! J’ai pris la Bastille avec quelques copains ! Qu’est-ce qu’on s’est marré ce jour là ! 

 D’ailleurs, je crois me souvenir qu’à une certaine époque j’ai du vous couper la tête ! Vous allez mieux ? » 

Qu’est-ce que vous avez fait depuis tout ce temps ! » 

« Oh ! Pas grand-chose, j’ai été moujik en Russie sous les tsars, assistant de Bouddha en Inde, et pour finir boulanger à Romorantin. Je n’ai pas aimé. La farine me donnait des mycoses. 

Et vous ? » 

« Moi j’ai été Lamartine, roi de Prusse, tout dernièrement j’ai fait un peu Al Capone, Polytechnique et pour finir je suis rentré à l’ENA. Le train-train quoi ! » 

Réincarnation

27 janvier, 2011

« Tant qu’on a la santé, il ne faut pas se plaindre, ça pourrait être pire ! » 

« Et vous trouvez intelligent de dire ça ? Vous n’avez rien de plus banal ? » 

« Ben… non, il fallait bien que je dise quelque chose, Vous en avez de bonnes ! Vous avez une meilleure idée, vous qui êtes si malin ? » 

« Euh, non ! La conversation est un art difficile. J’en ai perdu la pratique depuis le XVIII ème siècle » 

« Parce que vous étiez là au XVIII ème siècle ! Vous ne faites pas votre âge ! Compliments ! » 

« Oui, en fin, je crois. A l’époque j’étais le Marquis de Essieux. J’étais très introduit à la Cour. On savait causer dans les salons  dans ces temps là ! » 

«  Parce que vous croyez à la réincarnation ?» 

« Oui, avant l’épisode du Marquis, j’étais Jeanne d’Arc. Et peut-être Vercingétorix encore avant, mais là, il y a débat. Si vous croyez que je me souviens de tout ce que j’ai été ! C’est que ça remonte loin ! 

En fait pour le Marquis, je ne suis même pas sûr. C’est mon cousin qui me l’a dit. Lui, il pense qu’il était Lafayette. D’ailleurs, il sent quelque chose d’étrange dans sa chair chaque fois qu’il rentre dans les Galeries du même nom ! C’est bien une preuve ! » 

« Finalement, je suis content de vous rencontrer, Monsieur le Marquis, parce qu’au XVIII ème siècle, je crois que j’étais gueux. Mais alors vraiment gueux ! Un gueux bien de chez nous ! J’ai pris la Bastille avec quelques copains ! Qu’est-ce qu’on s’est marré ce jour là ! 

 D’ailleurs, je crois me souvenir qu’à une certaine époque j’ai du vous couper la tête ! Vous allez mieux ? » 

Qu’est-ce que vous avez fait depuis tout ce temps ! » 

« Oh ! Pas grand-chose, j’ai été moujik en Russie sous les tsars, assistant de Bouddha en Inde, et pour finir boulanger à Romorantin. Je n’ai pas aimé. La farine me donnait des mycoses. 

Et vous ? » 

« Moi j’ai été Lamartine, roi de Prusse, tout dernièrement j’ai fait un peu Al Capone, Polytechnique et pour finir je suis rentré à l’ENA. Le train-train quoi ! » 

Quelle famille!

26 janvier, 2011

Je vous présente Jean le père spirituel de l’équipe.

Il a rencontré une ancienne fille facile, Odile.

Qui est devenu une véritable mère poule pour ses enfants.

Son ainée, Juliette  cherche encore l’âme sœur

Il y eut Aurélien dans sa vie mais qui se comporta comme un faux frère.

Barthelemy, son cadet, partit chercher fortune au Canada, puis revint huit jours plus tard. On l’appelle le fils prodigue.

Gaetan, le frère d’Odile est armurier. Juliette le surnomme le tonton flingueur.

Cunégonde, la grand-mère est couverte de boutons : elle tombe souvent dans les orties.

Et il parait qu’il y a aussi un cousin à la mode de Bretagne !

Une mauvaise question

25 janvier, 2011

Je n’aurais pas du dire ça. 

Pourtant, le pape se ressert de la soupe. Il y a bien un moment où le pape se ressert de la soupe. Il y a bien un moment aussi où le président le la République s’aperçoit qu’il n’y a plus de dentifrice sur la tablette de la salle de bains. 

 Et Dubertrand, mon directeur ? Il sort forcément sa poubelle. Il doit avoir l’air fin avec son petit sac bleu dans la main. 

Il n’y a pas de raison. Tous ces gens doivent aussi connaître des petits moments sordides. Comme moi. Par exemple quand je m’effondre sur le canapé pour suivre le foot à la télé. Ou alors quand  je pousse la poussière sous le tapis en faisant le ménage. Ou encore quand je ne souviens plus de l’endroit où j’ai posé mes clefs. 

Pourtant, lorsque je croisais Dubertrand dans le couloir, il avait toujours de l’allure. Il avait toujours l’air de sortir d’un magazine de mode. Il fallait voir sa démarche : le genou souple, le tibia ferme, le doigt de pied décontracté et le talon décidé. Dubertrand était un cadre solide et viril, il fallait qu’on le sache rien qu’en le voyant. 

Moi, même quand je m’habillais bien, je donnais toujours l’impression de sortir de mon lit et de marcher sur des œufs. En me croisant, Dubertrand ne manquait d’ailleurs pas de me faire savoir qu’il serait temps de me réveiller en ajoutant avec hauteur : « Mon vieux ! ». 

Dubertrand avait du longuement travaillé sa démarche pour avoir l’air dynamique. Ce n’était pas possible autrement. En plus, lorsqu’il s’exprimait, il ne disait jamais : « Euh !… » ou alors « C’est clair !.. », comme moi. Il n’avait aucun tic qui aurait de permis de le singer dans les conversations de cafétéria, c’était frustrant ! 

Il avait un coach ! C’était sûr ! Tout est dans le coach, maintenant.

(suite…)

Un peu d’érotisme politique

24 janvier, 2011

Le Ministre  ne veut pas déshabiller Paul pour habiller Jean.

Il ne veut la peau de personne !

Il est  du genre à dire la vérité toute nue !

Il caresse l’espoir d’améliorer la situation.

Il ne se prend pas pour le nombril du monde.

Il n’est pas sorti de la cuisse de Jupiter.

Prudent, il ne prend pas d’engagement  postérieur au 31 décembre.

Ensuite, il effleure la question du prochain remaniement.

Son discours terminé, il plonge au sein de la foule.

A corps perdu.

 

Un peu d’érotisme politique

24 janvier, 2011

Le Ministre  ne veut pas déshabiller Paul pour habiller Jean.

Il ne veut la peau de personne !

Il est  du genre à dire la vérité toute nue !

Il caresse l’espoir d’améliorer la situation.

Il ne se prend pas pour le nombril du monde.

Il n’est pas sorti de la cuisse de Jupiter.

Prudent, il ne prend pas d’engagement  postérieur au 31 décembre.

Ensuite, il effleure la question du prochain remaniement.

Son discours terminé, il plonge au sein de la foule.

A corps perdu.

 

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