Archive pour novembre, 2010

Du mouvement

29 novembre, 2010

Il faut se rendre à l’évidence.

Et ne pas oublier de partir du principe

Qu’il convient d’aller droit au but.

Certains partent en vrille

Ou  tournent autour du pot

Dès qu’il s’agit d’atteindre leurs objectifs.

Moi, j’ai tracé ma voie

Je parviendrai à mes fins

Et je ne reviendrai pas de loin !

La vie quotidienne de Bernadette, assistante sociale

28 novembre, 2010

Bernadette reste bouche bée. Elle en a pourtant vu de toutes les couleurs. Des familles de neuf enfants, transies par le froid, abandonnées par l’EDF. Des vieillards, asphyxiés par la chaleur, sauvés de justesse par le SAMU. Des SDF, sans vie, lâchés par tous.

Cette fois-ci, sa longue expérience de l’existence, surtout de celle des autres, ne lui est d’aucun secours devant le cas qu’on vient de le signaler. De deux choses l’une : ou bien les services sociaux se sont encore trompés ce qui n’étonnerait nullement Bernadette vu le nombre d’incompétents qui restent assis derrière leurs bureaux ou bien la longue liste des pauvretés matérielles ou morales s’est encore enrichie d’un modèle inconnu.

L’homme vit dans un appartement correctement meublé. Chez lui, ça sent le produit de nettoyage avec des relents d’eau de Javel. Quelques africanités au mur montrent le goût du locataire pour les voyages. Son sourire dérange d’entrée l’assistante sociale. Normalement, ses interlocuteurs sont tristes, abattus, voire quand tout va très mal comme c’est souvent le cas, complètement prostrés. Dans ces situations là, Bernadette est à l’aise. La misère ne l’effraie plus : elle sait rester professionnelle et donc impersonnelle, mais dans le fond, elle aime ça la misère des autres ! Bien ancrée dans la certitude de sa générosité naturelle, elle est convaincue du sens de son apostolat et certaine de soulager la pauvreté des vies, des solitudes et des porte-monnaie de son quartier.

Aujourd’hui, son marqueur rouge reste en l’air. Elle s’apprêtait à remplir le dossier classique qu’elle aurait soigneusement classé avec les autres à la bonne lettre. Mais alors là ! Alors là ! Rien ne rentre dans les cases prévues par l’administration. Manifestement l’individu qu’elle a en face d’elle ne relève d’aucune catégorie homologuée par les meilleurs chercheurs en sciences sociales. Le pire c’est que ça a l’air de beaucoup l’amuser.

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C’est un repas de famille à la campagne.

27 novembre, 2010

Henri ripaille dans la paille.

La fine Jeannine dine.

Margot parle l’argot.

Esther ne va pas se taire.

Elle a l’oreille de Mireille.

Dans la lande, Yolande mange du fromage de Hollande.

Théo monte à l’échelle et boit son thé, haut.

Valérie et Ric rient.

Marguerite mange dans sa guérite, c’est un rite.

Arrivé à temps, Jonathan attend sa tante sous la tente.

Sébastien s’abstient.

Noémie s’anémie.

Jérémy  gérémit.

Décrassage

26 novembre, 2010

Riri est complètement lessivé.

Il a blanchi sous le harnais.

Son chef vient de lui passer un savon

Car il a essuyé un grave échec

Il devra laver cet affront

Mais il faudra que son chef nettoie aussi devant sa porte,

Avant que la direction ne dégraisse les effectifs.

Il pourrait alors se retrouver au bistrot du coin pour faire la plonge.

Ou alors chez la Comtesse pour astiquer ses bibelots.

Les conseils du Grand Jacot (3)

25 novembre, 2010

J’aurais besoin qu’on manifeste plus d’égards à ma personne. Il faudrait qu’on fasse attention à moi, tout de même ! Mais comment les gens s’y prennent-ils pour se faire remarquer ? Je suis assez marrant en société ! Je trie mes déchets ménagers ! Je sais parler de n’importe quoi n’importe comment. Et pourtant, je sens  qu’on ne m’accorde aucune importance ! 

Pour bien faire, il faudrait que tu aies un poste clé dans la société : retraité, ça ne va pas du tout. Tu pourrais devenir cheminot pour embêter tout le monde avec les grèves ou alors pour avoir l’air en pointe dans le combat syndical. Ce sera selon les opinions de chacun. 

Ou alors instituteur pour terroriser les parents. Tu pourrais les convoquer le soir après le bureau. Ils seraient fatiguées et tu leur assènerais tranquillement que, selon toi, l’avenir de leur rejeton te semble bien sombre au vu de ses dernières performances en calcul mental. 

Tu pourrais être aussi médecin ou curé. Tu interdirais tout, en menaçant tout le monde d’un châtiment terrestre ou éternel : la drogue, le sexe, le chocolat, la cigarette, etc …

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Contournons les problèmes

24 novembre, 2010

Jean ne sait pas parler aux gens.

Il ignore la langue des orateurs.

Il passe donc à coté du sujet.

Il néglige la sensibilité de ses interlocuteurs.

Il évite les choses qui fâchent.

Et pratique l’art de l’esquive à merveille.

Il décampe  dès que le temps tourne à l’orage.

Il feinte avec lui-même.

Il ne se parle plus.

Il dévie de sa route pour ne pas se rencontrer.

Il ne se pose plus de questions pour ne plus se déranger lui-même.

Pauvre Jean !

Le chou à la crème de Marcel

23 novembre, 2010

Je me souviens encore de ce jour où Marcel nous a fait un drôle de malaise ! 

Je déambule dans les rues. 

Les magasins s’enchevêtrent ou s’empilent les uns sur les autres. Il faut que le consommateur soit de plus en plus tenté. Avant, il ne l’était pas assez ; il pouvait se payer le luxe d’hésiter devant une vitrine luxueusement achalandée ou bien même de remettre son achat à plus tard, le temps de réfléchir un peu. Pourquoi attendre de se faire plaisir ? Maintenant, si le chaland ne pousse pas la porte d’une boutique, celle de la suivante lui est grande ouverte. Il faut vraiment qu’il soit de mauvaise volonté pour ne rien acheter dès qu’il met un pied sur le trottoir ! 

Un tel progrès était insuffisant. Aujourd’hui, les tentateurs travaillent même le dimanche. Comme ça, l’acheteur peut se sentir interpellé même le jour du Seigneur, qui est certainement d’accord puisqu’il  n’a rien trouvé à redire à cette nouvelle organisation. 

Et puis si le client n’a pas assez d’argent, on l’aide. Il y a, dans ce but, la période des soldes, dont la durée est sévèrement réglementée de manière à laisser une place à l’époque des promotions, qui devra elle-même savoir s’effacer à la date des rabais astronomiques. Il faut qu’il y ait des tentations, mais des tentations organisées c’est beaucoup mieux. 

Si le ménage, par une espèce de frilosité dont chacun percevra le caractère asocial voire même un peu égoïste, si le ménage –disais-je donc- s’avise de retenir sa frénésie d’achat dans une attitude économe peu compréhensible, on appelle une nouvelle race de héros : les super-tentateurs. Ces hommes lui offrent un crédit quasiment illimité. Tout est fait pour faciliter la vie du tenté qui n’a pas à se plaindre. Quand le foyer a épuisé la réserve d’un crédit, il suffit de frapper à la porte du magasin suivant pour en obtenir un autre qui permettra de rembourser le premier et de rénover son matériel ménager qui commence à dater un peu – soit dit en passant-  puisqu’il l’a changé voilà déjà plus de  six mois ! 

Chemin faisant, mon regard tombe sur un miséreux qui vit à même le sol tendant la main dans l’attente d’une obole salvatrice. C’est bien, il faut des miséreux. Il faut que les clients tentés aient continuellement devant eux l’image de ce qu’ils vont devenir s’ils ne deviennent pas à leur tour des tentateurs pour les autres. C’est tout de même très facile : il suffit d’ouvrir un commerce, de lancer un magasin de n’importe quoi, de se faire recruter par une banque,  puis après avoir ciblé sa clientèle, de la tenter. Lorsqu’on a bien tenté, cela s’appelle une réussite sociale.

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Glorifications

22 novembre, 2010

Paul aime beaucoup le Saint Honoré.

Il adore les dieux de la pate feuilletée.

Dans le petit appartement qu’il loue avec sa femme Félicité

Celle-ci est récompensée chaque fois qu’elle réussit une belle tarte.

Il révère Bère, le diminutif de Béranger son ami de toujours.

Ensemble, ils magnifient les desserts de Félicité.

Qui est souvent priée de se lancer dans ses meilleures recettes.

Parfois, dans des soirées coquines, ils portent aux nues des choux à la crème,

Pour célébrer conjointement l’union sublime des délices de la chaire et de la pâtisserie.

 

Une dispute

21 novembre, 2010

« C’est pas possible ! T’as pas fait ça ? »

« Ben, si !… »

« C’est pas dieu possible d’être aussi bête ! »

« Ben, si !… »

« Pourquoi, t’as fait ça ? Tu ne pouvais pas t’empêcher ? Hein ? »

« J’en sais rien moi  pourquoi  j’ai fais ça. C’était comme ça ! »

« Comme ça ! Et tu crois que c’est une réponse dont je vais me satisfaire! »

« Oh !la !la ! S’il faut toujours savoir pourquoi on fait des choses, je ne vais plus m’en sortir ! Personne ne comprend que je fonctionne à  l’instinct moi !»

« Enfin, il y avait bien une raison. On ne fait pas ça sans raison ! »

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Zone commerciale

20 novembre, 2010

Marius prend le train pour Paris,

Nanti de bonnes résolutions.

Il a payé ses erreurs.

Et acquitté ses dettes.

Plus personne n’achètera son silence.

Il va voler de ses propres ailes.

En empruntant le chemin de la vérité.

Plus personne ne lui prêtera de propos mensongers.

Chacun pourra ainsi louer son courage.

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