Une petite prière pour tous les gêneurs

Pour tous ceux qui s’installent à vos cotés, dans l’ascenseur en sentant mauvais. 

Pour tous ceux qui trouvent toujours quelque chose à dire dans les ascenseurs. 

Pour tous ceux qui garent leurs voitures en serrant votre pare-choc au plus près, tout en faisant l’hypothèse que vous aurez tout l’espace nécessaire pour dégager votre automobile sans rayer leur carrosserie ! 

Pour tous ceux qui vous interrompent en estimant que, par rapport à leur propre discours, ce que vous essayez de dire ne présente aucune espèce d’intérêt ! 

Pour tous ceux qui vous demandent si vous avez écouté le disque d’un groupe anglais ou alors finlandais, portant un nom très compliqué, pour bien vous faire sentir que vous ne vous tenez absolument pas au courant de l’actualité musicale. 

Pour tous ceux qui vous interrogent sur la destination de vos vacances et qui font semblant de s’intéresser à vos quinze jours de congés à Palavas-les-Flots pour que vous sentiez combien vos ambitions estivales sont médiocres à coté de leur séjour au Pôle Nord ou au sommet des Andes, dans une tribu indienne aux mœurs ancestrales.

Pour tous ceux qui ont toujours une façon autoritaire de se faire servir plus vite que vous au restaurant. 

Pour tous ceux qui tiennent à vous présenter leurs meilleurs vœux dès le matin du deux janvier, tout en se fichant royalement de la qualité des douze mois que vous allez vivre. 

Pour tous ceux qui viennent de rencontrer leurs voisins à l’hypermarché et qui installent leur caddy perpendiculairement à l’allée que vous arpentez pour pouvoir discuter plus à l’aise, en faisant mine de ne pas avoir vu qu’ils s’opposaient à votre approche du rayon des boites de petits pois. 

Pour tous ceux qui étalent leur serviette de bains à trente centimètres de la vôtre sur la plage de Palavas-les-Flots en prenant leurs aises comme si vous n’étiez pas là ! 

Pour tous ceux qui découvrent qu’ils n’ont pas de monnaie devant le distributeur et qui vous doivent une moyenne de 236 cafés par an. 

Pour tous ceux qui font exprès de programmer une réunion à laquelle vous êtes convié, le plus tardivement possible, pour bien montrer que, contrairement à vous, eux, ils ont du boulot et que pour une fois, votre canapé pourra vous attendre un peu plus longtemps que d’habitude. 

Pour tous ceux qui vous racontent la fin du film avant que vous l’ayez vu. 

Pour tous ceux qui vous demandent si vous avez regardé le match, hier soir, dans le but, d’une part, de vous  informer que, eux, ils sont équipés de la télé par satellite, d’autre part, qu’à l’heure actuelle, c’est la moindre des choses et qu’enfin, vous n’êtes pas plus au courant de l’actualité sportive que des dernières sorties musicales. 

Pour tous ceux qui vous disent qu’ils aiment les gens qui savent ce qu’ils veulent dans la vie alors que vous avez parfois tellement de peine de mal à percevoir les raisons de votre propre existence. 

Pour tous ceux qui ont un téléphone portable avec beaucoup plus d’options que le vôtre. 

Pour tous ceux qui programment leur téléphone mobile de façon à avoir un motif de sortir de réunion tout en ayant l’air d’avoir une communication importante et urgente, alors que vous, vos affaires n’ont pas visiblement la même ampleur. 

Pour tous ceux qui ont un avis sur tout ou alors qui ont systématiquement un copain qui a une opinion autorisée sur la question en cours. 

Pour tous ceux qui viennent de se jeter sur la dernière crème brulée disponible au self-service de la cantine, juste avant votre passage, et qui la dégustent d’un air glorieux au moment du dessert, en prenant bien soin de s’installer dans votre champ de vision. 

Pour tous ceux qui vous expliquent que dans la vie, il faut savoir se battre, que eux, ils préfèrent être dans le camp des winners, alors que vous… 

Pour tous ceux qui vous déclarent qu’ils n’ont pas de conseils à vous donner –bien entendu- mais que vous auriez tout intérêt à changer de comportement. 

Pour tous ceux qui vous expliquent que vos pauvres écrits ne sont que le reflet des amertumes et des frustrations que vous avez accumulées en constatant le vide de votre existence. 

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