Archive pour le 22 juillet, 2010

George, un homme d’ordre

22 juillet, 2010

C’est ainsi depuis longtemps. Georges a toujours dénoncé. C’est naturel. Georges ne supporte pas les tentatives de déstabilisation de l’ordre. Son premier exploit s’est déroulé lors de la composition de maths du dernier trimestre de sixième. Lorsqu’il a vu Morissot sortir de sa chaussette une bandelette de papier froissé qui lui rappelait la formule de la surface du triangle, George n’a pas pu se retenir. Il s’est indigné.  L’affaire est remontée haut. Jusqu’à Bartissol, le légendaire surveillant général de l’époque. Lors d’une entrevue demeurée célèbre, entre Georges et Morissot, à l’ombre des WC de la cour des petits, Morissot a montré toutes les peines du monde à comprendre que la dénonciation dont il avait été l’objet grâce à Georges avait été diligentée pour son plus grand bien. Georges avait pourtant insisté lourdement sur la nécessité qu’il y avait à l’âge de Morissot, qui était aussi le sien, d’apprendre à respecter loyalement les règles du jeu social. Une fois à terre, Georges avait même courageusement ajouté que ce n’est pas en lui éclatant une arcade sourcilière que Morissot allait affronter son avenir socioprofessionnel dans les meilleures conditions. 

En seconde, Georges s’était particulièrement distingué dans la mise au jour d’un sombre trafic de photos féminines dénudées en pleine classe de français, alors que Madame Barbichon s’ingéniait de mille façons à intéresser les élèves aux déboires d’Iphigénie en Tauride. Grâce au ciel et aux policiers composant le dispositif antiviolence scolaire, Georges fut immédiatement tiré du coma lorsqu’une horde indisciplinée de lycéens barbares le firent inopinément tomber dans le caniveau à la sortie de l’établissement. 

Le jour du bac, Georges dont on ne soulignera jamais assez l’altruisme, s’était spontanément proposé pour seconder le surveillant des épreuves afin que celles-ci se déroulent dans la régularité qui convenait à une si noble institution. Le chargé de l’ordre loua une telle initiative citoyenne, mais il assura Georges que tout était prévu pour qu’aucune ruse perverse ne vienne troubler l’ordre de  l’examen. Il s’en portait garant.

(suite…)

Une terreur

22 juillet, 2010

John était un assassin ans scrupule.

Il pensait s’en tirer : il avait toujours une veine de pendu.

Lorsque le juge l’appela à la barre, il étouffa un bâillement.

Quand on lui parla de ses crimes, il eut un rire étranglé.

Dans le Tribunal, l’atmosphère était empoisonnée.

Devant l’impudence de l’homme, le juge se torturait l’esprit.

Il était écartelé entre plusieurs sentiments.

Il renvoya John en cellule pour réfléchir.

C’est là que John tomba amoureux de la directrice de la prison.

 Il connut  enfin le supplice de Tantale