La véritable histoire du berger et de la bergère
15 juillet, 2010Jean et Adeline sont le berger et la bergère du village. Le jeune homme est secrètement amoureux de la jeune fille. Son visage, à la peau déjà tannée par les longues heures passées en plein air dans les durs travaux des champs, est animé d’un regard bleu ciel qui plait à Adeline, même si la jeune fille tarde à se l’avouer. Avec sa casquette, toujours de guingois, posée sur le sommet de son crâne échevelé, il la fait beaucoup rire. Jean porte toujours la même chemise de toile grossière dont il a remonté les manches sur ses avant-bras blancs d’adolescent. Il a passé de longues heures à sculpter son bâton de berger qui l’accompagne au pré, dont il se sert parfois pour monter un détail lointain à Adeline. Les tresses blondes qui dansent autour du cou gracile d’Adeline subjuguent le regard du jeune homme. Dès qu’ils sont ensemble, il cherche ses yeux clairs et son rire enfantin qui chante comme le ruisseau au printemps. Adeline, fille d’un modeste fermier ne portera jamais de jolis habits, mais Jean trouve que ses robes de coton et son châle multicolore lui dessinent une silhouette souple et gracieuse. Les autres filles de son village, ils les trouvent aguichantes et même vulgaires, la simplicité du maintien de la petite bergère l’émeut. Adeline, elle, a les yeux qui pétillent, et puis elle rit souvent en portant sa main au visage comme pour étouffer son hilarité dans un geste enfantin et charmant.
Les voici justement, tous deux sont assis sur le bord de la rivière. Leurs moutons paissent paisiblement au loin, surveillés par Pataud leur vieux compagnon, épagneul fidèle et attelé à son travail de gardien de l’ordre du troupeau. Ce matin, mains croisées sous la tête, Jean est étendu sur la berge qui descend en pente douce vers l’onde fraîche. Il regarde pensivement le ciel qui s’éveille au soleil d’avril et la cime des arbres qui bordent le lit de l’eau glougloutant à leurs pieds. Les coucous et les tourterelles se répondent gaiement tandis qu’on entend Pataud qui rappelle à l’ordre une brebis imprudente.