Un retour gagnant
8 juin, 2010Le retour du Graal se faisait attendre. Le roi Arthur manifestait de plus en plus souvent sa mauvaise humeur. Les chevaliers fidèles vieillissaient autour de la Table Ronde. Lancelot, parti depuis des années, ne donnait aucun signe de vie.
Pour animer la vie à la Cour, les aventures chevaleresques qui enflammaient autrefois les cœurs des jeunes nobliaux se faisaient de plus en plus rares. Les histoires minables de couples déchirés rivalisaient avec les conflits nés de dettes de jeu et d’honneur entre chevaliers adipeux, sales et fainéants. En attendant un miracle salvateur, le roi Arthur se débattait dans des débats domestiques dont la médiocrité entachait son prestige et la légende qu’il entendait construire autour de sa personne.
Les caisses du Royaume étaient vides. Elles ne suffisaient plus à l’organisation des banquets, des tournois, et autres joyeusetés dont ses courtisans étaient friands, voyant dans ces manifestations l’occasion de jauger le degré qu’ils occupaient dans la hiérarchie des seigneurs qui gravitaient autour de la personne royale. De plus la reine Guenièvre, souffrant des atteintes de l’âge, dépensait des sommes folles en parures ou toilettes qu’elle ne portait qu’une seule fois ou en onguents qu’elle faisait venir de très loin pour affermir les traits de son corps et de son visage afin que la splendeur de son regard et de son attitude éblouisse à jamais le cœur des chevaliers toujours aussi attentifs à la moindre attention qu’elle se plaisait à leur porter. Parfois !