Faisons route ensemble
3 juin, 2010Maurice Poulard part en vacances le 14 juillet. Ni avant ni après. Il est ainsi sûr de rencontrer le plus grand nombre possible de bouchons autoroutiers. De plus, il sait qu’en démarrant au milieu de la matinée, il pourra cotoyer le maximum de vacanciers sur la route.
Cette année est conforme à la règle. Grâce au ciel, la régulation autoroutière n’a réalisé aucun progrès. Strictement aucun. Heureusement, il y a longtemps qu’on ne parle plus d’étalement des congés.
Vers midi, la température s’est élevée bien au-dessus des normales saisonnières comme dit la dame de la météo. Comme à son habitude, Maurice a revêtu son tricot de corps blanc, l’un de ceux que portait son père durant la retraite de 40. Le vêtement, si l’on ose ainsi baptisé la chose qui entoure son corps malingre, est déjà imprégné d’une sueur nauséabonde et collante, lorsque Maurice décide d’arrêter sa Mondéo surchargée sur l’aire autoroutière de Saint-Rambert-d’Albon.
La constitution de Maurice est ainsi faite au grand étonnement du corps médical : bien que ses os proéminent dans toutes les parties de son anatomie, sa chair trouve encore le moyen de transpirer abondamment dès que le thermomètre marque plus de 25 degrés. Surtout lorsque Maurice est excité. Marinette sa moitié, pèse en fait le double de son poids. Sous l’ardeur de ce soleil de juillet confortée par sa réverbération sur le ruban d’asphalte, elle aussi dégouline l’eau de son corps sous son chapeau de paille. De temps à autre, elle doit même éponger ses lunettes à double foyers pour préserver une vision convenable. En regardant autour d’elle, elle répète à l’envi qu’on est si bien en vacances !