Le complot (partie II)
1 juin, 2010… Ou qui était François Ravaillac ?
Taillandier était pénétré de l’exigence de justice. Il savait que cette vertu réclamait abnégation et volonté. Il avait horreur de laisser une affaire sans suite et encore plus de ne pas mettre la main sur un assassin en liberté, ou du moins de ne pas établir son nom avec certitude. En l’espèce, il était presque certain que Ravaillac avec quelque chose à voir avec les tueries de filles mères qui étaient survenues dans la paroisse de la Brie, près d’Angoulême. Il aurait suffit qu’on lui laisse interroger l’homme pendant quelques minutes. Les Grands du Royaume ne l’avaient pas entendu de cette oreille. Par ailleurs, Taillandier était extrêmement surpris de la célérité avec laquelle ils avaient arrêté, jugé et exécuté François Ravaillac. Tous ces éléments réunis lui laissaient une impression de malaise et d’inachevé.
Il n’était pas homme à se laisser découragé par les évènements et entendait bien poursuivre son enquête même si le bourreau lui avait, en quelque sorte, volé son principal témoin et si celui-ci, qu’il soit ou non l’assassin qu’il cherchait, ne connaîtrait plus jamais la liberté.
Le Pont-neuf était encombré de marchands, de jongleurs, de soldats en armes discutant ou se chamaillant entre eux quand Taillandier l’aborda tout en poursuivant sa réflexion sur la meilleure manière de poursuivre son travail.
Alors qu’il dépassait avec difficulté un marchand de vin qui roulait bruyamment un tonneau sur la pavé, il fut bousculé par une silhouette de moine qui s’enfuit immédiatement dans la foule, après lui avoir murmuré distinctement :
- Ce soir, à minuit, au Cimetière des Saints-Innocents
L’incident avait été si vif qu’il avait surpris Marcus pourtant prompt à réagir ordinairement. Il avait dégainé sa dague d’un geste décidé, mais le moine vrai ou faux s’était déjà évanoui dans la foule. Taillandier ordonna à Marcus ne pas poursuivre l’apparition. Celle-ci l’avait prise au dépourvu, mais en même temps, il se réjouissait : enfin, sa venue à Paris dérangeait ou appâtait quelqu’un. Il ne savait pas encore qui se cachait derrière l’invitation du moine, mais cette mystérieuse apparition le tirait d’une situation bien embarrassante depuis que son seul témoin, éventuellement coupable, venait de trépasser.