Archive pour juin, 2010

A grandes eaux

30 juin, 2010

Auguste n’a pas inventé l’eau chaude.

Il sort sous la pluie sans parapluie : il rentre trempé comme une soupe.

Il regarde Fanny, sa femme, avec les yeux mouillés.

Mais Fanny est très soupe au lait.

Il sait qu’il y a de l’eau dans le gaz.

Et que son couple s’en va en eau de boudin.

Il ne faut plus qu’il se rince l’œil en regardant les filles.

Il ne faut plus qu’il dépense tout son liquide au poker.

Il doit s’arrêter avant que la goutte ne fasse déborder le vase.

Aussi Auguste supplie-t-il  Fanny de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Il voudrait simplement couler des jours heureux avec elle.

Les tribulations d’oncle Robert.

29 juin, 2010

- Drôle d’héritage !

 Maître Ducourneau, le notaire choisi par oncle Robert, ne put s’empêcher de donner son opinion. Après cinquante minutes d’une lecture assommante de préalables auxquels je ne comprenais rien,  il venait de me déclarer propriétaire d’une église en bois en plein centre du Sénégal ! Connaissant l’originalité de feu tonton Robert, je m’attendais à un legs saugrenu, mais je n’imaginais pas me retrouver en possession d’un lieu de culte dont je n’aurais sûrement pas un usage assidu, compte tenu des distances que j’ai cru devoir prendre avec la religion depuis les cours de catéchisme de sœur Marie-Cécile en CM2. 

Avant de se mettre à l’œuvre, Maître Ducourneau avait pris les précautions d’un sportif de haut niveau. Il s’était éclairci la voix en toussotant plusieurs fois, avait essuyé longuement ses lorgnons d’un mouchoir immaculé, les avait réajustés sur son nez crochu puis avait pris un air compassé pour me présenter ses condoléances. Je m’étais, quant a moi, composé la mine de circonstance pour les accueillir. Je n’avais pas croisé tonton Robert depuis vingt cinq ans au moins et sa disparition dans la forêt indonésienne ne m’affectait pas particulièrement. La réputation d’oncle Robert était telle que je n’avais pas été0 surpris d’apprendre qu’il avait fini ses jours en partant à la rencontre des tribus papoues les plus éloignées du monde moderne. 

Les délais légaux consacrés à sa recherche étant dépassés, Maître Ducourneau avait décidé de procéder à l’ouverture de son testament devant le seul héritier connu d’oncle Robert : moi !

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Nos fiches-cuisine!

28 juin, 2010

Sa quatrième lune de miel avait été un enchantement.

Mais il n’entendait pas se faire rouler dans la farine.

Ou alors être le dindon de la  farce.

Ou encore prendre des tartes.

Il mettrait son grain de sel de partout.

Il discuterait de tout avec elle, et pas seulement entre la poire et le fromage.

Il lui expliquerait qu’on ne peut pas avoir à  la fois le beurre et l’argent du beurre.

Dans toutes les situations, il n’aimait pas ignorer s’il s’agissait de lard ou de cochon.

Et puis si ça ne marchait pas entre eux, il n’en ferait pas tout un plat !

Une incroyable aventure

27 juin, 2010

Duchemin m’a demandé si je rigolais. Je lui ai répondu que je n’en avais ni l’air ni l’envie. Il en est resté sidéré, puis dans un souffle rauque a murmuré :

-          Ça, alors !

Odette est arrivée au mois de janvier dans notre classe de terminale. Si j’ai bien compris, sa famille venait de Tchécoslovaquie, fuyant l’avancée des chars soviétiques. Ce seul haut fait d’armes m’attirait déjà vers elle. Mais il eut pire. Lorsqu’elle fit son apparition dans la classe de français de Monsieur Pierron, nos regards se sont croisés alors qu’elle prenait place dans une rangée adjacente à la mienne et j’eus comme un éblouissement. Même lorsque j’avais fait la connaissance d’Amélie l’été précédent, je n’avais pas connu une telle sensation. C’est dire !

Dès la récréation suivante, je témoignai de mon émoi à Xavier Duchemin, mon compagnon habituel de bordée. Duchemin n’en revint pas. D’où sa stupeur.

Odette était une grande fille maigrelette, efflanquée et vaguement scoliotique. Son visage marqué par les insignes cruels de l’adolescence était particulièrement disgracieux surtout lorsqu’elle ouvrait la bouche laissant entrevoir une dentition inégale et jaunâtre. Ses cheveux, si l’on peut les dénommer ainsi, évoquaient le dos du hérisson ou de la brosse à chiens dents. En un mot, Odette était laide.

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A notre rayon « vêtements »…

26 juin, 2010

Louis chemine le long de la rivière, une écharpe de brume enveloppe le paysage.

Sous le tablier du pont, un homme pêche.

Louis  s’est fait blouser comme un débutant.

En rentrant à la maison,  il est dans ses petits souliers.

Comment pourra-t-il enrober le problème ?

Mauricette ne prendra  pas  de gants.

Il faut dire qu’elle est un peu collet monté, ce petit bout de femme.

Louis sait qu’il baissera la tête et opinera du bonnet.

Il faudra se serrer la ceinture pendant plusieurs jours.

Et ne plus jouer l’argent des commissions au loto.

La distraction de Max

25 juin, 2010

Le grand Jules avait eu une interrogation muette en le regardant.

Avait-il réservé des billets à la gare ?

Avait-il muni les armes de silencieux comme il l’avait exigé ?

Max était un gangster plutôt taciturne.

Dans l’après-midi,  il avait eu une discussion feutrée avec Jules.

Avec lui, il fallait y aller sur la pointe des pieds.

Et marcher sur des œufs.

Il n’était pas un discret  larbin.

En palpant ses poches devant la gare, il étouffa un juron.

C’est vrai  qu’il avait oublié les billets : ils devraient rester dans le village endormi.

Histoire romantique à l’eau de rose qui se finit bien, en plus!

24 juin, 2010

                    

                                               Gaspard

Gaspard Van der Esle en avait pourtant vu et entendu de toutes les couleurs. Chirurgien esthétique, d’origine hollandaise, il était installé dans ce beau quartier de la capitale depuis 10 ans. Il avait redressé des nez, reconstruit des seins, remodeler des derrières dans la « haute » société de la capitale. Mais, personne ne lui avait encore demandé ce que venait de lui exposer la jeune fille assise dans son cabinet.

-« Vous vous rendez compte de ce que vous me demandez ? »

La jeune femme n’eut qu’une réponse :

-« Oui, parfaitement »

-« Je ne peux accepter sans réflexion……rappelons nous dans une semaine »

Elisabeth était une femme de 25 ans. Ravissante. Grande, la silhouette souple et déliée, elle attirait tous les regards. Sa chevelure brune retombait en vagues harmonieuses sur ses épaules au dessin si souple. Une certaine énergie se dégageait de son regard sombre. Son visage fin et délicat ne laissait aucun homme indifférent.

Elle était venue dans ce cabinet avec la ferme intention de s’enlaidir. Elle avait exigé du médecin qu’il lui déconstruise le visage, la poitrine, la silhouette de manière à la rendre la plus quelconque possible.

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La toilette de Georges

23 juin, 2010

Georges fréquentait du beau linge.

Des femmes qui portaient des toilettes somptueuses.

Ou qui avaient pris des bains de jouvence.

Pourtant, dans les soirées mondaines, il se rasait consciencieusement.

Les gens lui passaient de la pommade dans le dos.

En l’interrogeant sur les dernières nouvelles : Georges était au parfum de tous les secrets.

Mais ses interlocuteurs recevaient une douche froide.

Georges les envoyaient se brosser.

Certains prenaient un véritable savon.

Georges ne savait pas se faire mousser en société.

 

Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ? (16)

22 juin, 2010

Je veux être amoureux ou guerrier Hun. En amour, aucune femme ne me résistera. Actuellement, je suis un peu handicapé par mes lunettes à grosses montures, mon nez bourgeonnant, mes culottes courtes, mais dès que j’aurai l’âge de déraison, je serai un insatiable amoureux. La carrière me tend les bras. Mauricette, la fille du boucher, me regarde avec un expression éthérée, sucette aux lèvres dès que je rentre dans la boutique de son père, accroché aux basques de ma mère. J’évite son regard pour attiser un peu sa curiosité, mais je sens bien que j’ai en moi cette flamme intérieure qui me prédispose aux plus hautes destinées sentimentales.

Le monde est ainsi fait : il y a les vainqueurs et les vaincus, les exploiteurs et les exploités, les français et les anglais, les blancs et les rouges …. les mecs qui s’imposent à l’attention féminine dès qu’ils pénètrent dans une pièce et les autres qui feront éternellement tapisserie. Je suis de la race des seigneurs !

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Cours de géo…

21 juin, 2010

Ce n’est pas la mer à boire. 

La montagne à accoucher d’une souris. 

La rivière n’est pas sortie de son lit. 

Vous ne dansez pas sur un volcan. 

Ce n’est pas l’arbre qui cache la forêt. 

Ce n’est pas la peine de verser un torrent de larmes. 

Au lieu de vous noyer dans un océan de tristesse, 

Passez moi donc le plateau de fromages. 

Je prendrai une île flottante en désert. 

Euh ! Non ! En dessert…. 

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