Comme dans le temps
30 mai, 2010Germain Boulard fêtera ses quatre-vingt dix ans à l’automne. Le ban et l’arrière ban de sa famille sera convoqué. Il faudra que personne ne manque à l’appel. Chez les Boulard, on garde le sens des valeurs familiales ! On ira comme au bon vieux temps dans une auberge au bord de l’eau où Germain avait dignement arrosé la libération de ses obligations militaires. Et puis si cette guinguette n’existe plus, il faudra la ressusciter.
En attendant, il sort dans la cour de sa ferme pour donner du grain à ses poules rousses qui accourent en caquetant de plus belle. Elles sont toutes nichées dans la carcasse de sa quatre-chevaux rouge vermillon, immobilisée pour l’éternité à coté de son tas de fumier, royaume interdit de Luigi , le meilleur de ses coqs.
S’il n’avait pas le souci du confort de ses gallinacés, il roulerait encore volontiers dans son tacot increvable, fruit de ses premières années d’économies au printemps 54. Les automobiles d’alors étaient d’une autre fiabilité que les engins électroniques d’aujourd’hui !
Germain circule aujourd’hui par tout temps sur son vélo. Un vélo de course comme on disait quand il était jeune. Il en est fier : il a été fabriqué par la marque de la bicyclette sur laquelle Louison Bobet a gagné le Tour en 55. Louis, son gendre qui se qualifie de médecin, a émis de légères réserves sur les possibilités athlétiques de Germain. Il n’y connait rien. Ambroise, le grand-oncle de Germain, allait au village à pied jusqu’à 103 ans ! Amélie, sa cousine coupait son bois à la hache jusqu’à son quatre vingt dix huitième anniversaire.