Archive pour le 25 mai, 2010

Ils l’ont franchi !

25 mai, 2010

 En ce matin de printemps, Marcellus réveille doucement Livia dans la hutte qu’ils partagent au fond de la forêt. Tandis que la jeune fille s’éveille en étirant ses bras fuselés et en ébrouant sa longue chevelure noire, Marcellus s’affaire rapidement pour réactiver le feu qui s’est éteint durant la nuit. Comme un chat aux aguets, Livia se lève souplement. Sa peau sombre et ambrée luit dans la pénombre. L’homme, impassible d’ordinaire, semble agité et soucieux. Livia sait qu’il ne faut pas l’interroger tant qu’il n’a pas décidé de parler.

D’un geste impérieux, il fait signe à la jeune fille de le suivre. Le climat de la région est doux même durant la mauvaise saison. Derrière son compagnon, Livia, vêtue de peaux de castors, ploie sa haute taille pour éviter les branches les plus basses. Sur ces chemins forestiers qu’elle connaît parfaitement, encore étourdie de sa nuit, elle s’étonne de l’empressement inhabituel de Marcus mais le suit comme elle l’a toujours suivi.

La brume ne s’est pas encore levée. En levant le regard, Livia ne distingue pas le sommet des chênes centenaires. Seul le bruissement léger de sa marche légère sur le tapis ocre de feuilles mortes et d’aiguilles de pins trouble le silence matinal. Livia ne perd pas de vue la haute stature de Marcellus qui progresse à grandes enjambées. Comme d’habitude, elle ne sait pas où il a dormi. Peut-être est-il allé avec les loups. Elle sait qu’il a ce pouvoir mystérieux de communiquer avec les animaux de la forêt.

A part ça, elle connaît peu de choses de Marcellus depuis ce jour lointain où il l’a recueillie, bébé abandonné sur les rives du fleuve. Marcellus a élevé Livia dans son antre pendant déjà dix huit années. Il lui a tout appris de la forêt, du fleuve, des plantes qui soignent, des fruits qui nourrissent, des animaux qui protègent lorsqu’on en prend soin. Aujourd’hui, Livia serait capable de survivre, seule durant plusieurs jours, dans cet univers hostile.

(suite…)