Un conférencier dans la mélasse
4 mai, 2010Pour « Louis XI, un roi doué et roué », il avait réuni quinze auditeurs. Trois étaient partis avant la fin. Deux s’étaient endormis. Cinq avaient passé leur temps à regarder leurs téléphones portables. Un autre avait rédigé son courrier.
Pour l’Ouzbékistan, « A la recherche des contes des milles et une nuits », il avait battu son record à la salle des fêtes de Pont-sur-Yvette : vingt-huit spectateurs dont une classe de troisième, attirée par la connotation sensuelle du titre de sa conférence.
De quoi faut-il parler pour intéresser les gens ? Non, mais de quoi faut-il donc leur parler ? Il n’allait tout de même pas commenter le championnat de Ligue 1 !
Lucien est frappé d’une idée : il va faire un exposé sur le caramel. C’est important le caramel ! On parle toujours des bêtises de Cambrai du nougat de Montélimar ou du calisson d’Aix ! On a l’impression qu’il faut que les confiseries soient attachées à un terroir pour être délicieuses. Mais le caramel est universel. Il est de n’importe où le caramel ! Bien qu’on ait tenté de se l’approprier du coté d’Isigny ! Lucien va brillamment démontrer que contrairement au trou, le caramel n’est pas normand ! C’est d’ailleurs bien dommage pour lui. Le caramel souffre d’une renommée insuffisante justement parce que sa notoriété dépasse toutes les frontières. Le caramel n’a pas un air de pays provincial comme la crêpe bretonne !
Il intitule déjà son exposé « La révolte du caramel ». Normalement, il devrait intéresser tous ceux qui ont envie de vivre leur rébellion contre la société à travers les mésaventures du caramel ! Ça devrait faire du monde, ça !