Un vrai cauchemar
28 mars, 2010Pendant onze mois, j’avais enduré Martinaud. La direction avait mis au point un projet de performance qu’il s’empressait de nous faire appliquer avec un vrai sadisme. Ses réunions de comptes-rendus hebdomadaires s’étaient peu à peu transformées en procès permanents de nos états de services. Plusieurs avaient craqué et se retrouvaient à la rue ou ailleurs, mais en tous cas, en recherche d’emploi. Même Duchemin ne faisait plus d’humour. Moi, non plus.
Marie m’avait durement reproché ma déprime, puis était partie. Elle ne supportait plus mes jérémiades et mon manque de combativité. J’étais selon ses termes charmants une vraie lopette. Et puis, insulte suprême, je ne la faisais plus rêver.
En juin, je nourris le fol espoir de ne pas revenir de mes congés, tout en sachant qu’à cinquante quatre ans, je n’avais pas d’autre avenir professionnel que de retrouver le sourire satisfait et méprisant de Martinaud en septembre. Sauf si…
L’actualité me donna une idée. Ce genre d’idées incongrues qui viennent à ceux qui n’en ont plus d’autres. Sauf celle de tout larguer.
Je décidai de partir en Afrique, le continent du début et des fins. Mon choix se porta sur l’un des hôtels les plus sordides des quartiers mal fréquentés d’Abidjan. La préposée de l’agence de voyage attira mon attention sur l’aspect un peu simple de l’hébergement que j’envisageai.
A mon grand soulagement, elle avait raison : je ne suis même pas sûr que la mansarde dont j’ai chèrement payé la location, soit qualifiable de chambre d’hôtel.