Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ? (5)
16 mars, 2010Moi, je serai rien. Pourquoi faut-il toujours se définir par un métier ? Il y a d’autres choses à vivre ! S’il en est ainsi, je préfère dire de moi que je serai rien. Je ne saurai rien faire. Enfin rien qui soit reconnu comme une profession socialement légitime. D’ailleurs, je suis en bonne voie : le prof de maths le dit déjà après avoir examiné avec stupéfaction mes dernières prestations.
On m’objectera sûrement qu’il faut exercer un métier pour vivre. On doit s’insérer dans la société par une activité professionnelle dont on tire un revenu honnête qui permet de subvenir aux besoins de sa famille et d’élever ses enfants dans le but qu’il puisse eux-mêmes participer au grand bal de l’économie nationale dans la position la plus avantageuse possible. Dans le cas contraire, on n’est qu’un assisté qui vit du travail des autres, autant dire aux crochets de la société. Quelle honte !
Nous sommes dans une civilisation où tout est fait pour pousser l’être humain à s’embaucher sous la férule d’un patron et à travailler le plus et le plus longtemps possible. Sauf si l’on a la chance d’être propriétaire d’un capital gigantesque : on est alors soi-même patron et, on fait travailler les autres en leur expliquant, sans vergogne, que c’est pour leur plus grand bien, que l’emploi les libère tandis que l’inactivité les asservit et que pour les augmentations, on verra plus tard. On est ainsi ramené à une situation qui existait au Moyen-âge sauf que les gens ne s’appellent plus pareil.