Archive pour le 9 mars, 2010

Qu’est ce que tuveux faire quand tu seras grand (4)

9 mars, 2010

Moi quand je serai grand, je serai vendeur de sensations fortes. Les gens s’ennuient, je suis sûr qu’ils s’ennuient. Je le constate chaque fois que je m’assieds sur un trottoir pour voir défiler leurs visages défaits et consternés par la banalité de leur quotidien. Il y a un marché à prendre.  

Prenons l’exemple de M.Mathurin, notre voisin : il ne lui arrive jamais rien. Sauf que, de temps à autre, sa télé tombe en panne. L’incident lui donne l’occasion d’entrer en communication avec Papa qui n’attend que ça puisque lui aussi, à part lire le journal dans un sens puis dans l’autre, personne ne lui connaît d’occupation intense dans la famille. C’est une démarche qui sort M.Mathurin de son mutisme quotidien. Il est ravi, il peut en profiter pour parler foot ou météorologie ou encore des scooters des jeunes qui font du bruit dans la rue ou des graffitis dans l’ascenseur. Ce n’est pas si mal que ça. C’est dit : je fonderai une entreprise commerciale qui vendra des appareils susceptibles de tomber en panne à tous moments. D’ailleurs, si le matériel ne connaît pas d’incidents dans les trois mois, nous proposerons une garantie : un casseur se rendra immédiatement à domicile pour détraquer votre tondeuse à gazon. Ce regrettable incident vous permettra d’entrer en contact avec le propriétaire mitoyen. Non seulement, vous bénéficierez ainsi d’une communication humaine, mais vous pourrez également mesurer le degré de solidarité de votre interlocuteur, ce qui vous donnera, si vous avez de la chance, un sujet de conversation sur la ladrerie des gens, au cas où le dit voisin ne manifesterait aucune intention de vous prêter la tondeuse de dernier cri qu’il vient d’acquérir auprès de la jardinerie la plus proche.

J’ai pensé à un autre créneau : la vitesse. Les gens paient très cher leur séjour d’une semaine sur les pentes neigeuses pour se donner l’impression d’être les rois de la glisse. J’inventerai le logiciel qui leur donnera, en restant chez eux, le sentiment de descendre la piste du Kandahar à la même allure que le dernier champion olympique en titre. Le produit existe déjà sur Internet, me dira-t-on ? Oui, mais le mien comprendra un mécanisme qui enverra dans la figure ravie de l’Internaute, confortablement installé dans son salon, la même tempête que doit affronter un champion de ski dans sa descente préférée. Ça devrait décoiffer !

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