Un petit déjeuner divin
16 février, 2010Sur les hauteurs de l’Olympe, les dieux s’ennuient. En ce printemps naissant, on voit parfois les divinités déambuler dans les champs en bavardant par groupe de deux ou trois. Ils parlent du temps, de la saison, du passage des nuages. Ils n’ont plus beaucoup de conversation nos Dieux, depuis si longtemps! Parfois, ils croisent un berger maussade et quelques moutons bêlant qui paissent dans les alpages, indifférents et sereins.
Un constat s’impose : les dieux de l’Olympe sont en crise. Plus personne ne croit en eux dans ce bas monde, c’est-à-dire dans ce monde qui s’étale là, en bas de la montagne. Aux dernières nouvelles, il subsisterait une religion polythéiste qui réunirait vingt deux ou vingt trois adeptes. Pour le vingt troisième, des vérifications sont en cours : il semblerait que l’impétrant ait confondu l’Olympe et l’Olympique de Marseille.
Grâce à leur expérience, les plus anciens de cette collectivité trouvent encore une occupation. Ariès, le dieu de la guerre, réussit à entretenir quelques conflits armés entre peuplades reculées. Dyonisos, le maître absolu du vin, défend son produit avec âpreté en dépit de la concurrence du cartel des eaux minérales. Poséidon a réussi un très joli coup en déclenchant un tsunami récent et quelques tempêtes océanes dont les humains se souviendront. Mais globalement, c’est le désoeuvrement qui gagne le pays des dieux puisque les hommes n’ont plus foi en leur existence.