Archive pour février, 2010

Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ? (3)

28 février, 2010

Quand je serai grand, je voudrais être gardien de zoo. Mais attention ! Gardien, et non pas garçon d’écurie chargé de nourrir les animaux. Je n’ai pas l’intention de terminer ma carrière à moitié estropiée par un lion pris d’un accès de mauvaise humeur ou un crocodile mal embouché. Les gens qui disent aimer les animaux savent rarement à quel point ceux-ci peuvent être voraces ou indisciplinés quand l’heure du déjeuner vient à sonner.

J’aurai plutôt un bel uniforme vert et ma tâche sera de circuler à bord d’une automobile électrique dans les allées du parc zoologique. Une voiture comme celle que conduit Georges Bush d’un air goguenard lorsqu’il va jouer au golf. Elle ne fera pas de bruit tout en étant très maniable. Je serai également doté d’un sifflet jaune comme celui des arbitres de foot qui me permettra d’interpeller bruyamment les enfants qui jouent sur les pelouses alors que cela est sévèrement interdit ! Combien de fois faudra-t-il le leur répéter !

J’aurai la sensation de liberté dans ma petite voiture, tout en étant proche de la nature, ce qui ferait plaisir à mes parents qui sont de tendance écolo depuis qu’ils passent leur samedis à trier les déchets de nos poubelles selon des critères que je n’ai pas encore très bien compris.

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Un petit tour au supermarché!

27 février, 2010

John avait séduit Marie. 

Il avait décroché son ticket avec elle. 

Il  n’était pas comme les autres qui roulaient leur caisse en la regardant. 

Il était militaire de carrière : grâce à son courage, il avait obtenu rapidement des promotions. 

Dans son temps libre, il jouait tranquillement au golf avec son caddy. 

John avait emmené Marie à Venise en sacrifiant sa solde. 

Pendant leurs ballades en  gondole, il lui racontait ses courses à travers le monde. 

En remontant dans le temps, John se souvenait aussi de ses premiers prix à l’école. 

En géographie, il en connaissait un rayon ! 

Un nouveau tour de France

26 février, 2010

Pedro aimait les femmes un peu girondes.

Au début, il draguait dans une vieille Dauphine des années 50.

Puis, il avait acheté une immense limousine pour impressionner ses proies.

Lorsqu’il en rencontrait une, il commençait par l’inviter à manger une salade niçoise.

Le plat de résistance était toujours nappé d’une sauce béarnaise.

Après déjeuner, il disputait une partie de boules avec sa conquête : à la lyonnaise.

Le soir, ils dévoraient une quiche lorraine.

Avant de passer une folle nuit parisienne,

Pendant laquelle Pedro chantait la Marseillaise ou dansait une bourrée auvergnate.

En rentrant chez lui, il enfilait tranquillement ses charentaises.

 

Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ? (2)

25 février, 2010

Je voudrais être la cigale ou la fourmi. Ou les deux à la fois, je ne sais pas trop. Et puis le corbeau pendant que j’y suis, mais pas le renard. Les personnages de La Fontaine me paraissent trop caricaturaux, il faudra que j’emprunte quelque chose à chacun d’entre eux. Et puis de toutes façons, ses fables ont été jusqu’ici mal étudiées, il faut absolument les revisiter pour bien comprendre la psychologie des personnages. Je vais réhabiliter la cigale, la fourmi et le corbeau.

Ses derniers disques ayant eu un succès considérable, la cigale a fait ses valises et est partie tout l’été, en tournée dans le Midi. C’est normal : les grandes vedettes se doivent à leur public. Mais on voit bien que La Fontaine n’a pas l’habitude de fréquenter le show-biz. Comment voulez-vous que la cigale qui sort de concert épuisée à une heure du matin ait le temps de passer à Carrefour pour s’acheter des provisions ?  Tout le monde sait que le grand magasin ferme ses portes à 22 heures au plus tard !

La cigale se réveille vers midi, juste à temps pour reprendre la route vers une nouvelle destination où des milliers de fans l’attendent. C’est ça, la vie d’artiste, Monsieur de La Fontaine ! Je reconnais que le Grillon et le Cricket, ses imprésarios, pourraient s’occuper un peu mieux de l’avenir de la chanteuse, tout de même ! Mais ces gens-là se comportent comme des tiroirs-caisses. Tout ce qui leur importe c’est que cette pauvre cigale draine les foules dans leurs spectacles. La cigale n’est qu’une victime du star système, Monsieur de
La Fontaine. Mais quel talent ! Quel jeu de jambes ! Et quelle abnégation ! Enfin une artiste qui se sacrifie toute entière à son public sans penser un seul instant à son propre bien être ! Quelle vie d’amour, de chansons et de patachon !

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Jeux de mots (nième édition)

24 février, 2010

Le Commissaire Arien était sur les dents. 

Le Maire Cenaire ne savait plus où donner de la tête. 

Il avait appelé à l’aide son voisin, le Maire Sibien. 

Le Député Fraction avait également fait le déplacement. 

La Vedette Dejeu elle-même était présente en dépit de son emploi du temps chargé. 

Le Prof Hiteur avait exploité un trou dans le sien pour venir aussi. 

Quand au jeune beur Saleh, il n’aurait pas manqué un tel spectacle. 

La religion avait tenu aussi à bénir les participants par l’intermédiaire du Père Sistant. 

Il s’était fait accompagner de la Sœur Tilège. 

L’honneur revint au Président Delait d’ouvrir le bal des jeux de mots complètement nuls. 

En compagnie de la femme du Notaire Aterre. 

La pendule

23 février, 2010

Je suis la pendule électrique de la cuisine. Je marque 6 heures 30 : ils vont arrivés.

La première est la mère de famille, comme chaque matin. Elle s’appelle Odile. Elle n’a pas bonne mine ce matin, Odile. Je crois savoir pourquoi. Hier soir, elle s’est réfugié avec son portable auprès de l’évier. Son amant était au bout du fil, si l’on peut dire ça d’un portable. L’entretien s’est très mal passé. J’ai cru comprendre qu’il ne pouvait plus la voir pour un temps, sa femme semblait se douter de quelque chose, mais si, il tenait toujours à elle, etc….

Odile a du faire bonne figure pour le reste de la soirée puis pleurer en silence pendant la nuit.

La quarantaine, brune, les traits réguliers, le regard qui peut être profond, elle est encore aguichante. Un peu potelée, peut-être, mais aguichante. Dans son peignoir rose, mal coiffée, le teint pâle, je lui trouve un certain charme. Je ne suis qu’une pendule, mais enfin tout de même.

Elle met la radio. Des chansons douces, elle doit avoir envie de se calmer. Le café est mis en route, les pots de confiture, le beurre, le pain, les bols apparaissent sur la toile cirée. Visiblement, elle a décidé de laisser de coté ses soucis sentimentaux et de faire face à la matinée. Elle n’oublie le chat qui se frotte à ses jambes depuis un moment. La minette est son réconfort ce matin. Elle la caresse un peu plus longuement que d’habitude, puis lui sert sa soucoupe de lait sur le carrelage. Le félin est bien entendu aux anges.

Elle boit à son tour son café, le dos appuyé à l’évier. Entre deux gorgées, elle a les yeux dans la vague. Après 15 ans de mariage, elle est un peu déstabilisée Odile. Séduite par un quadragénaire qu’elle a croisé dans un séminaire récent, elle ne sait plus ce qu’elle  doit faire. Elle entend les enfants s’agiter à l’étage, jette le reste de son café à l’évier, puis cherche rapidement à se composer le visage de tous les jours. Mais ça lui coûte à cette pauvre Odile. Déjà des pas se font lourdement entendre dans l’escalier. Je parie que Bertrand, le fils de la maison va pointer le premier à la table familiale.

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Un navigateur solitaire

22 février, 2010

Benoit Durand-Martin était un capitaine d’industrie. 

Très travailleur, il était sur le pont dès potron-minet, chaque matin. 

Il savait naviguer à vue tout en ne perdant pas le Nord. 

C’était une figure de proue de l’économie française. 

Discret, il n’aimait pas qu’on agite des vagues autour de sa personne.  

Il avait connu de nombreuses galères et avait su rester humble. 

Il n’appréciait pas les collaborateurs qui se faisaient mousser. 

Durand-Martin mettait les voiles dès qu’il apercevait un journaliste. 

Il se déguisait alors en marin.  

Puis Benoit Durand-Martin détalait à fond de cale. 

Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ? (1)

21 février, 2010

Moi, je serai aventurier. Je ne sais pas encore dans quelle partie, mais je dois m’enivrer d’aventures. Et j’ai grande soif !

D’abord, il faudra que l’on puise m’identifier par un vrai look. Comme Tintin au Tibet ou alors l’aventurier de l’Arche perdue. Je me coifferai d’un béret basque, m’entourerai le cou d’une écharpe jaune et porterai une toge rouge dont je m’envelopperai pour affronter les sables du désert ou les frimas de l’Alaska. Une vieille carabine à plombs en bandoulière complétera judicieusement mon accoutrement. Ainsi paré, je parcourrai le monde à la recherche des vestiges de civilisations anciennes que les plus grands spécialistes ignoreront.

Je pourrai commencer par une expédition chez les bergers qui vivent sur les hauts sommets alpins. Ce n’est pas très loin, me dira-t-on. Justement, j’y serai plus vite. Je vivrai avec eux leur vie rude, au contact de la nature, de l’air pur et des moutons paisibles. J’en sauverai quelques uns des loups dont on repeuple nos montagnes. Le soir, alors que le ciel d’été s’assombrira doucement dans des teintes mauves ou flamboyantes, nous rentrerons d’un pas lourd et serein à la bergerie. Pas trop tard quand même pour ne pas manquer le journal de vingt heures. Après la soupe aux légumes variés dont l’authenticité n’aura rien à voir avec les produits en sachets que maman achète au supermarché, nous partagerons la gnaule traditionnelle. Solide et majestueux, je siroterai sans sourciller le breuvage que les autochtones me tendront, celui que personne n’aura osé mettre dans les réservoirs d’avion à réaction de peur de les endommager.

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Y’a plus de petit personnel!

20 février, 2010

Jean n’aime pas les travaux domestiques.

De toute façon, la bonne est là pour faire le ménage.

Il préfère jouer aux cartes au bistrot.

Aujourd’hui, il a entamé une partie de Mistigri avec ses trois potes.
Le garçon de café a disposé quatre choppes de bière sur la table.

Jean lutte pour ne pas récolter le valet de pic dans son jeu ! Le fameux Mistigri !

Soudain son épouse fait irruption en lui reprochant de ne pas laver ses chaussettes sales !

Elle n’est pas sa servante tout de même !

Jean sait qu’il est esclave de son goût pour le jeu.

Mais, il répond effrontément que, devant ses copains, sa femme ne devrait pas le chambrer !

Quand passent les trains

19 février, 2010

Micheline regardait Rodolphe qui était un joyeux boute-en-train.

Mais Rodolphe était aussi un père tranquille.

On se moquait de lui : il avait toujours un métro de retard. !

C’était un spécialiste de la rame !

Au train où il allait, on ne pouvait pas jamais dire de lui qu’il se déplaçait à toute vapeur !

Micheline ne supportait pas son petit train-train quotidien.

Elle avait un train de vie confortable, mais était très occupée.
Ses journées se déroulaient à un train d’enfer

Elle avait des wagons de choses à faire, elle !

Comme par exemple regarder passer les trains tout en paissant dans le pré.

Micheline en parlait souvent avec Rodolphe son voisin de râtelier à l’étable,

Pour l’inciter à vivre à Plus Grande Vitesse !

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