L’Artiste
1 janvier, 2010L’Artiste Peintre se promène dans sa composition. Il vient d’inventer un nouveau concept pictural « La Nature Vivante ». Mais l’ensemble est un peu difficile à maîtriser. Il faut que chacun joue son rôle dans cette œuvre là. La rivière par exemple doit suivre son cours :
-« Qu’est-ce que tu dois faire, rivière ? », demande-t-il.
-« Je dois glouglouter en sautant joyeusement d’un galet à l’autre ! », répète scolairement le cours d’eau.
-« Je le fais bien là… Non ? »
L’artiste trouve que la rivière glougloute un peu fort, il lui demande si elle n’a pas quelque chose d’un peu plus discret.
Et le chêne centenaire ? L’Artiste a mis un vieux chêne, forcément centenaire, dans son tableau. Un jeune chêne maigrelet n’aurait pas donné un vrai ton poétique à son oeuvre. Le vieux chêne connaît son rôle par cœur. Il est fier de le réciter :
-« Moi, je dois m’élancer fièrement vers le ciel, en jetant un regard protecteur sur cette terre qui m’a nourri tant d’années… »
L’Artiste est rassuré : si le chêne tient debout, son travail peut résister. Mais il ne voudrait pas qu’il fasse trop d’ombre au reste du tableau.
Le rocher, au bord de l’eau, est boudeur. C’est qu’il a un problème existentiel, le rocher. Il ne voit pas très bien quelle est sa fonction. A part être là, au bord de la rivière. L’Artiste lui a expliqué qu’il permet aux amoureux de s’asseoir et de se conter fleurette. Ce n’est pas rien d’être un support d’amour. Le rocher n’est pas complètement convaincu, mais il dit qu’en tant que minéral, il assumera sa fonction et ne bougera pas.