Le bal des lieux communs.
14 janvier, 2010Le Stade trépigne, gronde, s’enflamme. L’équipe locale de foot domine tous ses adversaires. Va-t-elle emporter le championnat ? Depuis l’arrivée du nouvel entraîneur, elle remonte au classement. Dans la tribune on exulte. Les hommes, engoncés dans les grosses canadiennes lorsqu’il fait froid, y vivent au coude à coude l’aventure de leurs semaines grises. On joue à guichets fermés ! Le Stade chavire de bonheur. Le Stade s’embrasse lui-même.
L’Eglise du père Renaud est attirante. Les fidèles y accourent de toute la paroisse, de plus en plus nombreux. Pourtant, l’Eglise retentit des prêches péremptoires et redoutés du père Renaud qui dénonce sans faiblesse les péchés de ses ouailles. Mais, sous ses voûtes séculaires, l’Eglise a pris un coup de jeune. Le père Renaud a su s’adapter aux mœurs de son époque. Il célèbre ses offices au son des guitares électriques pour intéresser les adolescents du quartier. L’Eglise s’est entendue avec le Stade pour harmoniser leurs calendriers. Grâce à l’énergie du père Renaud, L’Eglise est devenue communicante !
Le Bistrot du père Louis ne désemplit pas. Les piliers de la salle se confondent avec les habitués. Les filles y sont faciles, les fins de nuit plus difficiles. Jeannot, Marcel, Paulo et les autres y tiennent table ouverte jusqu’au matin. Lorsqu’à l’aube, les silhouettes voûtées ou chancelantes s’estompent dans le brouillard visqueux, le Bistrot du père Louis s’éteint pour mieux renaître au crépuscule. Le Bistrot du père Louis ne dansera pas avec l’Eglise du père Renaud, le Bistrot du père Louis est un lieu canaille !