Le grand départ
3 décembre, 2009Les vacanciers ont envahi les quais. Le 2 juillet, c’est normal. La direction de la SNCF contrôle la situation, parait-il. Sous les verrières de la gare de Lyon, le brouhaha, les cris, le klaxon des véhicules de service, les borborygmes des haut-parleurs s’emmêlent, se percutent, s’entrechoquent.
Des gens sortent de partout, des trains, des toilettes, du bistrot. Ils paraissent inquiets, hésitants, pressés, soumis, résignés. Les bagages pèsent lourdement, se traînent, se hissent, se poussent. Des jeunes sont assis sur des sacs à dos monstrueux en aspirant goulûment un soda bon marché à travers des pailles multicolores. Quelques uns grattent une guitare. Les mères de famille tirent leur progéniture piaillante par la main. Les voyageurs s’agglutinent autour du panneau électronique comme des fidèles autour de l’autel. Les cous se tendent vers le tableau de chiffres, les regards hagards cherchent la bonne information. Parfois, un bruit de crécelles se produit : un nouveau convoi s’affiche entraînant un vaste mouvement de foule, aussitôt compensé par l’arrivée de nouveaux postulants à l’embarquement.
Une femme s’avance vers moi, un billet à la main. Son chapeau est adapté à la saison : quelques cerises s’enroulent autour de trois oisillons. Elle transpire fortement dans sa corpulence et dans sa robe à fleurs jaunes et vertes. Je dirais même qu’elle halète d’une manière qui m’inquiète pour sa santé. Elle peut à peine parler, préférant me montrer son ticket. Oui, le train pour Dijon part dans deux minutes, au quai…. Je n’ai pas le temps de finir ma phrase, elle est repartie à fond de train, si j’ose dire. Sa valise qui cahotait péniblement sur des petites roulettes vole désormais dans les airs, écorchant au passage une grappe de voyageurs qui vocifèrent aussitôt quelque chose sur le respect dû aux êtres humains, surtout à ceux qui s’apprêtent à prendre un train.