Archive pour novembre, 2009

Un homme pondéré

30 novembre, 2009

Dans votre dispute, moi, je ne prends pas position.

Je prends du recul : il faut savoir rester au-dessus des partis.

Evitons de jeter de l’huile sur le feu !

Et puis sur le fond, je m’en fiche un peu.

En y réfléchissant, je me demande pourquoi je devrais m’en mêler.

J’ai assez de boulot comme ça pour ne pas me charger des problèmes des autres.

Qui a raison, qui a tort : ça m’est complètement indifférent !

Ce n’est pas mon affaire après tout !

C’est toujours sur moi que ça retombe : eh bien ! Je m’en lave les mains !

Vous n’avez qu’à vous débrouiller entre vous !

Un peu de courage ! Que diable !

Chakri

29 novembre, 2009

Jusqu’au 25 novembre 2106, le calme régnait en maître dans la ville. Grâce aux multiples caméras installées dans toutes les rues, la police contrôlait les faits et gestes de chacun. Tous le bâtiments publics étaient directement reliés au Commissariat Central par un système de multivision qui garantissait leur sécurité.

La plupart des véhicules étaient maintenant équipés d’un système anti-choc. Un accident entre voitures ou même entre voitures et piétons était devenu impossible. L’électronique de chaque véhicule veillait et le stoppait dès qu’un risque apparaissait. On avait pu diminuer nettement le nombre de policiers affectés à la circulation.

A leur libération, les sortants de prison recevaient une minuscule puce électronique, implantée sous la peau, qui permettait de les localiser, au mètre près, pendant les cinquante années suivantes.

Les manifestations faisaient l’objet d’un contrat entre organisateurs et policiers. Leurs parcours et leur durée étaient précisément délimités. Tout débordement entraînait deux sanctions : la première était l’intervention immédiate et sans ménagement de l’armée et la seconde était l’interdiction de la manifestation suivante. Aucun syndicat n’avait pu résisté à de telles pressions.

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Il faut savoir se mouiller…

28 novembre, 2009

Lucien était immergé dans le dossier.

Depuis des mois, il dégoulinait de sueur en bûchant durement.

Il pensait maîtriser parfaitement les méandres de cette affaire.

Il reçut les remontrances de son patron comme une douche froide.

En vérité, il s’était noyé dans des détails sans importance

Il n’y comprenait que gouttes.

Ses collègues semblaient nager comme poissons dans l’eau.

Il se dit qu’il fallait avoir un caractère en acier trempé pour faire ce métier.

Sinon, on était traité de poule mouillée.

Pour se changer les idées, il se rendit au tennis où il prit une bonne trempe.

Avant de se doucher longuement

Les Traîtres Anonymes

27 novembre, 2009

Les quinze participants sont assis sur leurs chaises disposées en cercle. La plupart sont recroquevillés, le front bas, le regard fuyant, les mains jointes entre leurs genoux. Fred, l’animateur salue les derniers arrivants. Sa calvitie, sa barbe poivre et sel et son regard vif derrière ses lunettes cerclées sont bien connus des habitants du quartier et des milieux associatifs. Fred milite depuis longtemps pour toutes les causes humanitaires et depuis quelque temps, il s’intéresse à celle qu’il considère comme fondamentale : la combat de l’homme contre lui-même.

Dans un silence gêné, sa voix chaleureuse s’élève :

- Aujourd’hui, nous accueillons trois nouveaux venus : Sylvain, Pierre et Jean qui vont nous parler de leurs expériences. Tu veux bien commencer, Sylvain ? Prends ton temps, nous sommes là pour t’écouter ….

Sur sa chaise, un grand garçon s’agite alors que les regards le dévisagent. Sylvain lève la tête, ses yeux noirs ont peur de l’assemblée. Mais il a promis à son éducateur de s’exprimer. Il secoue sa tignasse qui descend jusque sur ses épaules et commence son récit. Au début, tout allait bien. Il appartenait au Football Club de la Cité. L’ambiance autour de l’équipe était amicale, on peut même dire que le foot était un élément de calme et de maintien de l’ordre. Les gamins se passionnaient pour les résultats des joueurs issus des HLM où ils vivaient. Tous rêvaient d’endosser le maillot rouge et l’écusson en forme de lion, fier emblème de leur quartier. Ils adulaient plus particulièrement Sylvain qui se révélait semaine après semaine comme un grand buteur. On évoquait à son sujet un avenir comparable à celui de Zidane.

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Une liaison

26 novembre, 2009

Georges se servit un nouveau verre de scotch.

Puis il détendit son nœud de cravate.

Rien n’avait collé.

Il jouait du trombone dans un orchestre.

Il avait rencontré Georgina qui l’avait fixé du regard pendant toute une soirée.

Visiblement elle en pinçait pour lui.

Mais, elle lui avait dit que sa voiture était un vieux clou.

Au moment fatidique, son agrafe soutien-gorge était restée coincée.

De plus, elle avait hurlé en découvrant une punaise dans le lit.

Décidemment son affaire était très mal ficelée.

Il ne fallait surtout pas qu’il s’attache.

Enchaînons ! se dit-il en se levant.

Rosalie et Jean

25 novembre, 2009

Ce dimanche après-midi, Monsieur Jean est venu chercher Rosalie comme convenu. Madame Bernichon, la maman de la jeune fille, a permis exceptionnellement cette promenade à la condition expresse que Monsieur Jean lui ramène son enfant vers dix-sept heures au plus tard.

Monsieur Jean a promis. Il a belle allure, le fils du notaire. Une pratique assidue du sport lui donne une silhouette vigoureuse et une santé éclatante. Son maintien est discret et bien élevé. Sur son front juvénile, les boucles espiègles des mèches de ses cheveux noirs sont la seule marque de fantaisie physique qu’il se permet et qui amuse secrètement Madame Bernichon.

Madame Bernichon sait que sa Rosalie est très attirée par les manières simples et le bon goût de Monsieur Jean. Mais elle s’astreint à toiser Monsieur Jean d’un air sévère pour qu’il comprenne bien qu’elle n’admettra pas de sa part une conduite légère à l’égard de sa fille unique. Il devra se conformer aux règles d’une cour, assidue certes, mais dans des formes convenables. Madame Bernichon ne mettra pas obstacle à leur fréquentation à condition qu’un délai suffisant soit respecté par les jeunes gens pour mieux faire connaissance et s’assurer de leur choix. D’autant plus que Monsieur Jean est un très bon parti. L’étude de son père est la plus réputée de la ville et Madame Bernichon, veuve et simple couturière de son état, ne pouvait pas rêver d’un meilleur avenir pour Rosalie.

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Notre page « charcuterie »

24 novembre, 2009

Jadis, Pierre avait un copain qui était, ma foi, gras et grand.

Son camarade s’appelait Jean. Bon. Jean Bon.

Il était marié avec Adèle.

Jean Bon habitait dans la Sarthe.

Avec lui, Pierre riait tellement au Mans !

Mais depuis qu’elle est morte Adèle, Jean a trahi Pierre.

C’est devenu un sale ami.

Maintenant Pierre fait souvent le tour du pâté de maisons.

En prenant son bâton de berger.

Il n’y croise personne d’autre que des boudins.

En rentrant, il mange deux rondelles de saucisson.

Puis il se rend à l’Eglise, qui, pour lui, fut longtemps une terre inexplorée

Alors, il prie Jésus.

Poème très approximatif

23 novembre, 2009

Le sapeur-pompier est campeur.

Il a planté sa tente auprès d’un saule pleureur.

Parfois, la nuit, le sapeur a peur.

Il rêve qu’il se trouve dans des vapeurs avec un rappeur.

Et qu’ils sont attaqués par un esprit frappeur.

Soudain, il est tiré par le jour de sa torpeur.

Il regarde alors tristement  sa peau transpirer par tous ses pores.

Puis il va se calmer en allant admirer les navires qui rentrent au port.

Ce n’est pas une histoire d’un grand apport.

Johnny change de chaîne : c’est un grand zappeur.

De temps en temps

22 novembre, 2009

Il ne se passe rien. Il y a des moments où la vacuité de l’existence est exaspérante. Le plus difficile est de partager ces instants creux à plusieurs. Seul, je m’en tire encore : je peux musarder, respirer, voire même réfléchir. Mais devant les autres, il faut entretenir la conversation, sourire, plaisanter.

Je me suis assis comme tous les jours à la cafétéria après l’heure du repas. Je devrais peut-être arrêter le café : c’est une erreur. Ma seconde erreur est de m’asseoir en face de Rougerie, du service compta ou plutôt de son nez. Son appendice nasal me fascine : c’est une véritable curiosité touristique. Il s’allonge avant de bifurquer ver la droite puis de s’achever par une discrète boursouflure. Je m’en veux de m’attarder sur cette disgrâce physique. D’autant plus qu’un célèbre auteur théâtral en parlerait avec beaucoup plus de talent. N’empêche ! Rougerie devrait se faire opérer.

Rougerie ne parle que de foot et s’interroge depuis des mois sur les moyens de redresser les résultats du Paris Saint-Germain. Il a déjà licencié virtuellement plusieurs dizaines de joueurs et envisage la possibilité de faire revenir Platini sur le terrain.

 A ses cotés, Solange, la secrétaire de direction, minaude : quand elle n’a plus rien à faire, c’est la seule chose qu’elle sache encore faire. Elle croise haut ses superbes jambes gainées de soie noire. Derrière ses lunettes à fortes montures, son regard vert d’eau semble ne pas prêter attention à ses interlocuteurs, tout en examinant néanmoins sournoisement l’effet que son anatomie attirante produit sur ses collègues masculins. Des pensées impertinentes me traversent l’esprit. Je trouve le rapprochement du nez cabossé de Rougerie et du dessin parfait des lèvres soyeuses de Solange complètement surréaliste.

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Ce n’est pas un bon plan…

22 novembre, 2009

Jean était un historien de premier plan, spécialisé dans l’étude des Plantagenets.

Il avait un physique avantageux, nous pourrions même dire plantureux.

Dans la vie il avançait plan-plan, la voûte plantaire fermement posée sur le plancher des vaches.

Sa femme Jeannette était une belle plante, dit-on, mais il l’avait laissée en plan.

Au début, ce n’était pas un planqué.

Il avait un vrai plan de carrière.

Malheureusement, il était amateur de rhum et plus précisément de planteur.

Il finit sa vie  planton dans un Ministère.

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