Entre amis
11 octobre, 2009En ce 10 décembre 1905, il a neigé sur la capitale. Louis Petitbon s’ébroue en poussant la lourde porte de sa maison bourgeoise auprès de laquelle il est accueilli par Marinette. Sa fidèle domestique, qui semble affolée, lève les bras au ciel :
- Monsieur est déjà rentré ! Nous ne vous attendions pas si tôt !
A petits pas empressés, la vieille servante s’agite autour du maître de maison.
Marinette était déjà au service de Monsieur Petitbon père. Malgré l’âge avancé de la berrichonne, Louis Petitbon n’a pas eu le cœur de s’en séparer.
A quarante ans, Louis Petitbon est bel homme. Il revient d’un voyage éreintant jusqu’à ses usines d’Orléans. Il vérifie dans le miroir du vestibule que les traits de son visage énergique et sa fière moustache en guidon de vélo n’ont pas souffert des affres du trajet. Ces yeux noirs se posent un instant sur le visage fripé de sa domestique :
- Madame est là, ma bonne Marinette ?
Sana attendre la réponse, Louis Petitbon se dirige d’un pas décidé vers la chambre nuptiale. Marinette trottine derrière lui en gesticulant :
- Monsieur ! Monsieur !
Trop tard ! Louis Petitbon a déjà ouvert la porte du nid conjugal. Il y découvre Amélie Petitbon, en chemise, alitée et alanguie. Sa longue chevelure d’ébène s’étale sur l’oreiller. Louis Petitbon s’inquiète. Amélie, couchée en plein après-midi ? L’homme s’assied au bord du lit d’un air anxieux et s’empare de la douce main droite de sa femme :
- Eh bien ! Mon amie, vous voilà souffrante ? Et personne ne m’a prévenu ?