Quand l’hiver fût venu…

Navrant. Atterrant. Débile même. Norbert ne trouvait pas de mots assez durs pour qualifier cette émission. La « Grande Académie » faisait pourtant fantasmer des milliers de jeunes en France, leur laissant croire qu’il suffisait de disposer d’un léger filet de voix pour devenir une vedette de la chanson en trois mois. Norbert regardait encore cette émission en espérant y trouver un intérêt. L’animateur dépensait des débauches d’énergie et de fautes de français pour entretenir péniblement un psychodrame lamentable entre les candidats. Les soi-disant professeurs de chant et de danse rivalisaient de « bons » mots. L’un des candidats devait gagner cette « grande » finale qui allait faire de lui le chanteur ou la chanteuse de l’année. Les invités « exceptionnels » étaient sensés donner leur avis. Norbert se demandait pourquoi des gens, qu’on voyait à la télé tous les trois jours depuis 20 ans, étaient toujours des « invités exceptionnels ».

Voilà plus de trois mois  que cette bouffonnerie   avait envahi l’une des chaînes principales tous les vendredis soirs. Norbert n’en pouvait plus, mais il avait une raison précise pour se tenir encore à cette émission : son frère John était l’un des deux derniers finalistes.

En cette fin de soirée d’été, Norbert prit une nouvelle canette de bière dans le frigo avant l’annonce des résultats. John était déjà passé : dans une très honnête prestation de « Ne me quitte pas », il s’était acquitté de sa tâche. Puis, il avait tenu la dragée haute à une grande vedette dans un duo savamment orchestré. Grand, efflanqué, une mèche de cheveu artistiquement jetée sur le front, il jouait d’un physique à la faiblesse émouvante et d’un regard mélancolique et éperdu.

 En cette fin d’émission, l’animateur était entré en transe. Brandissant une enveloppe à la main, il faisait encore monter la tension. Norbert jugea que lui au moins était relativement loyal : payé pour faire un boulot idiot, il le faisait d’une manière parfaitement médiocre. Et puis le coup éclata :

-« Le gagnant est…. John »

Gros plan sur son frère John qui se prenait la tête entre deux mains d’une manière parfaitement théâtrale. Sa concurrente malheureuse, une brave fille du Morvan se précipitait bravement pour le congratuler. L’animateur s’étranglait d’une émotion superbement feinte, la foule acclamait on ne sait plus qui.  Norbert vaguement écoeuré coupa le téléviseur.

Il était fatigué. Aujourd’hui, à l’entrepôt de mauvaises nouvelles circulaient. Une vague de licenciements étaient en train de se préparer. Les types du syndicat commençaient à s’agiter et à chauffer leurs troupes. Des tracts avaient été distribués à la sortie.

Engagé depuis 18 mois comme manutentionnaire par cette chaîne d’hypermarchés, Norbert n’était pas à l’abri. Il pouvait faire partie de la charrette.

A vingt-cinq ans, il n’était pourtant pas récalcitrant au travail. Aux études peut-être. Au sortir d’une troisième peu glorieuse, il n’avait pas pu aller plus loin dans le registre scolaire. Les maigres ressources de sa mère ne suffisaient plus et puis de toutes façons, il ne s’était pas distingué par une envie particulière d’apprendre. Il avait dû trouver du boulot. Costaud, peu cultivé, mais intelligent et débrouillard, Norbert avait su rapidement dénicher un emploi de serveur de restaurant, puis de coursier, de vendeur d’électroménager…  Tous ces contrats à durée déterminée ne lui avaient assuré ni qualification ni carrière durable, mais lui avaient procuré une très bonne connaissance des lois d’airain du monde de l’emploi. Ses patrons étaient satisfaits : dur à la peine, sachant prendre des initiatives, peu souvent malade, il ne renâclait pas à la tâche  Il avait enfin signé un contrat à durée indéterminée pour cette grande entreprise qui menaçait aujourd’hui de le licencier pour raison économique. Les gens du syndicat avaient d’ores et déjà dénoncé les profits astronomiques du groupe et se demandaient amèrement et à haute voix où étaient les motifs financiers invoqués.

Norbert avait d’ailleurs pris sa carte du syndicat, six mois auparavant. Il avait très vite compris qu’il allait falloir batailler ferme pour sauvegarder son emploi. Il était soucieux, mais il n’avait pas peur. Il pensait même aimer ce climat de bagarre.

Avec un salaire mince, mais régulier, il avait réussi à louer et  à emménager dans un petit studio dans une ruelle ancienne qui donnait sur le port de cette petite bourgade méditerranéenne. Il était favorablement connu dans le quartier, même s’il fréquentait les bars où trônait quelques voyous notoires, dont il savait d’ailleurs se faire respecter. Norbert avait du muscle, mais aussi du cœur, n’hésitant jamais à aider les petits vieux des alentours. Il avait même donné un coup de main aux Restos du Cœur l’hiver dernier.

 Après la fin de l’émission, vaguement indigné, il avait envie de voir du monde. Il sortit en direction du bistrot où il savait retrouver sa bande préférée.

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Cette ville du Midi, mal desservie, mal entourée par des plages polluées, trop petites et peu entretenues n’attirait guère les touristes qui se propulsaient beaucoup plus loin dans les grandes stations correctement aménagées pour les recevoir. L’économie locale survivait grâce à un dernier carré de pêcheurs qui continuaient à s’embarquer tous les matins, sur des coquilles de noix qui n’en pouvaient plus. Quelques artisans s’étaient installés : ils travaillaient la poterie, le fer forgé réussissant à détourner quelques estivants de leurs trajets avec une production très couleur locale. Assiégé par le maire, les grands magasins « H » avaient tenté l’aventure, l’hiver dernier, en ouvrant un hypermarché à la lisière de la ville. Norbert y avait trouvé cet emploi qu’il espérait pérenne. Connaissant les actions caritatives du garçon, le maire s’était porté garant de sa bonne tenue auprès de la direction du magasin.

La mère de Norbert vivait seule dans une petite masure à quelques kilomètres dans l’arrière pays. Elle avait hérité de ce tas de pierre de son père. Elle y entretenait encore quelques lapins et volailles. Sans rien déclarer aux autorités agricoles d’ailleurs, mais Norbert estimait qu’on en était plus là et que le niveau de précarité financière de sa famille ne lui autorisait pas de pareils scrupules citoyens.

La vieille Maria y avait élevé seule Norbert et John pendant plus de 15 ans. Le père avait rapidement disparu du paysage après la naissance du second. Maria avait le sens des valeurs anciennes. Elle s’était du mal pour éduquer ses gamins dans le respect de l’honneur, du travail et de l’effort.

Cependant, Norbert s’était révélé un enfant vif, batailleur, colérique mais ingénieux et subtil, de la race de ceux qui font la loi dans les cours de récré. Doué pour la castagne, il avait été la source de nombreux soucis pour sa mère. Les parents du village se plaignaient régulièrement de voir leur progéniture rossée pour dieu sait quel raison à la sortie de l’école. A la sortie du primaire, Norbert canalisa son énergie en intégrant le club de  rugby local. Il n’était pas pour rien dans les quelques trophées glanés dans les années suivantes. Le sport lui évita sans doute de « mal tourner ». Il s’y fit des amis, comprit enfin la morale que Maria avait essayée de lui inculqué : la sueur, la solidarité, l’abnégation. Au cœur des mêlées, Norbert savait s’arracher pour porter des coups décisifs à l’adversaire.  Aussi n’eut-il pas trop de peine à se faire remarquer favorablement par ses employeurs successifs. Ceux-ci reconnaissaient son courage, sa régularité, son efficacité même si sa susceptibilité, son irritabilité ne le rendaient pas forcément facile à vivre tous les jours.

Son frère John, né deux après lui, était son contraire. D’abord, il ne s’appelait pas John, mais Jean sur l’état-civil. A l’adolescence, il avait exigé de tous qu’on l’appelât John, trouvant Jean d’une navrante platitude. Sa mère était en admiration et ne lui refusait rien. Aussi malingre, chétif que son frère était râblé et costaud, il eut une enfance solitaire et ténébreuse. Il s’enfermait de longues heures dans sa chambre n’écoutant que la musique qu’il aimait. John s’était mis rapidement à imiter ses chanteurs préférés. Sa mère et son frère, qui pourtant n’y entendaient rien, eurent tôt fait de remarquer qu’il avait un joli timbre de voix. Les voisins et les voisines le remarquèrent également. Il fut rapidement invité à s’extérioriser dans les fêtes de village. Son physique grave avait quelque chose d’attirant pour les jeunes filles.

Norbert avait admis que son frère ne lui ressemblât sur aucun point. S’il s’était agi d’un autre, il est probable qu’il eut méprisé sa faiblesse de caractère. Mais son frère l’impressionnait : la profondeur et la douceur de son regard le mettait mal à l’aise lorsqu’il le croisait. Bref, Norbert le respectait.

Six mois avant la finale de la « Grande Académie », il y eut une sévère algarade entre Norbert, John et leur mère. John s’était débrouillé pour se présenter au casting que l’émission avait organisé à Marseille. A l’issue d’une vibrante interprétation de « My way », il avait ému le jury aux larmes et avaient été sélectionné pour l’émission proprement dite.

Norbert s’était élevé violemment contre ce projet. Il avait décrit les manipulations auxquelles s’exposait son frère. Les faux espoirs qu’on allait susciter en lui. La faible probabilité de réussite dans le métier auquel il aspirait. Et puis, en dernier ressort, il joua sur l’état de santé de sa mère qu’il allait laisser seule.

John fut tout aussi violent. Il se lâcha. Il ne voulait pas de la petite vie médiocre que lui préparaient son frère et sa mère. Il n’avait rien à voir avec les « ploucs » de son village. Il se sentait artiste et chanteur jusqu’au fond des entrailles. Il se battrait et il y arriverait coûte que coûte. Le surlendemain, il s’embarquait pour Paris une simple valise à la main.

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La suite, Norbert l’avait suivie sur son petit téléviseur 36 centimètres péniblement acheté à crédit chez Darty. Son frère avait, avant la finale, franchi toutes les étapes. Il s’était muré dans un mutisme  presque total qui avait intrigué les autres candidats. Les jolies femmes qui pimentaient l’émission lui trouvaient un charme ténébreux. De plus, Norbert subodorait que le public dont il pensait que les producteurs façonnaient le goût à leur propre convenance, était surtout sensible à son air malheureux et à sa voix légèrement éraillée rappelant les chanteurs des rues d’autrefois. John était un chanteur probablement un peu ringard, mais le problème était que, cette année là, le ringard était furieusement tendance. Norbert soupçonnait, en outre, que l’accent méridional de son cadet plaisait terriblement aux parisiens qui devaient le trouver « adorablement provincial ». En un mot, Norbert, pressentant les dangers qui l’entouraient, ne se réjouissait pas spécialement du triomphe de son frère.

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Triomphe, il y eut pourtant. Bien conseillé par des « relookeurs », John avait accentué son aspect de « poète » maudit. Il avait trouvé des textes qui n’allait faire oublier les plus grands mais qui se tenaient à peu près. Les musiques étaient un peu trop suaves, voire sirupeuses au goût de Norbert, mais elles convenaient à l’air du temps. Le public visé par les fabricants du « produit-John » était essentiellement féminin et populaire, il fallait donc éviter la violence des mots et des sons.

La tournée d’été qui avait été promise au gagnant du concours eût lieu. Elle fut fabuleuse. Norbert compulsait régulièrement la presse spécialisée. Il y découvrait son frère entouré, assailli devrait-on dire, de nymphettes peu vêtues. Lui sur la réserve au début, devenait souriant, décontracté. Peu à peu, il avait délaissé la mine triste et désemparée qui lui avait valu son succès. Norbert trouvait que son sourire et ses gestes prenaient de l’ampleur. Il avait même l’impression que des spécialistes avaient blanchi excessivement les dents de son cadet Dans les reportages télévisés, sa voix avait même changé. Il savait bientôt s’adresser à son public et même le flatter. A la fin septembre, ses chansons étaient régulièrement diffusées sur toutes les antennes.

Bien qu’il fût félicité par tous ceux qu’ils croisaient dans son quartier, Norbert n’arrivait pas à se réjouir vraiment du destin de son frère. Il répondait parfois qu’il n’était strictement pour rien dans l’aventure de John. Agacé souvent, il se contentait d’un demi-sourire à ceux qui lui parlaient de son frère en exaltant son succès. Non pas qu’il en fut jaloux, mais il sentait confusément que son cadet n’était pas à l’abri de difficultés.

Dans les premiers jours d’octobre, John vint lui rendre visite. Il arriva dans la petite ruelle où logeait son frère à bord d’une splendide décapotable. Norbert, qui suivait son arrivée de sa fenêtre, ne se souvenait pas que John eût passé son permis de conduire tant qu’il était à la maison. D’ailleurs sa mère n’aurait pas eu les moyens de le lui offrir.

L’entrevue entre les deux frères fut plus que difficile. John tînt un discours d’une arrogance insupportable. Il rappela à Norbert leur dispute d’avant l’émission. Il fanfaronna : lui, il s’était sorti de ce trou de misère grâce à son talent, à son travail, à sa ténacité. Il était « d’une autre race » que tous ceux qui s’entêtaient à survivre chichement dans le coin le plus merdique de la côte qui puisse exister.

Norbert serra les dents et les poings au début de leur entretien. Mais lorsqu’il apprit que John s’était rendu chez sa mère pour lui asséner le même type de tirade, il explosa. Les hurlements traversèrent le quartier. John dût battre précipitamment en retraite poursuivi par les imprécations de son aîné : « Voyou, fout le camp !! » fut la dernière amabilité échangée entre les deux frères.

Les voisins accourus aux nouvelles n’en revenaient pas. Ils ne surent quel parti prendre. Quelques uns crurent bon de conseiller à Norbert de ne pas parler ainsi à une grande vedette de la télé.

Après cet incident, la vie reprit son cours. Durant les semaines suivantes, Norbert entendait encore parler de son frère fréquemment à la radio comme dans son bistrot habituel. Puis vînt le déclin, imperceptible d’abord. Les passages de son frère se raréfiaient. Certains lui l’interrogeaient :

-« Il prépare un nouvel album, sans doute ? »

Norbert pressentait qu’il n’y avait pas de nouvel album, mais beaucoup d’incertitudes. La vérité était que John avait cessé de plaire. Le style ringard, poète des rues avait fait long feu.

John, mal conseillé ou pas conseillé du tout, n’avait pas su tourner la page.

A l’entrepôt, les menaces de licenciements planaient toujours. Mais les négociations se poursuivaient entrecoupées de mouvements de grève et de mauvaise humeur. Norbert participait fréquemment aux  réunions, aux manifestations, oubliant parfois l’existence de son frère. Au mois de janvier plus personne ne parlait du « phénomène John ».

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Le 17 janvier, un léger tapis de neige avait recouvert le port. C’était un évènement relativement rare dans la ville. Les bateaux de pêche restés à quai prenaient des allures de sapins de noël.

Vers 23 heures, Norbert fatigué de sa journée s’était assoupi devant son téléviseur. Il reçut alors un appel téléphonique. Une certaine Sandy, « amie » de John le tira de son semi sommeil. John allait très mal, venait de faire une troisième tentative de suicide. Elle lui avait arraché le numéro de son frère.

Norbert s’attendait à un tel dénouement. Il retrouva rapidement ses esprits : où était son frère ? Dans quel état ? Depuis quand ? Avant même d’avoir raccroché il avait pris sa décision.

Le lendemain, ayant averti sa mère et réuni quelques économies, il s’embarquait pour Paris. Mû par l’instinct, il n’avait même pas envisagé d’abandonner John au sort qu’il s’était lui-même bâti. Norbert avait du affronter son employeur : il s’était résolu à prendre son absence sur ses jours de congé légaux. Norbert n’avait ni le temps ni l’envie de discuter davantage cette contrainte supplémentaire.

En arrivant dans le couloir de l’hôpital, il rencontra Sandy, une longue fille aux yeux tristes. Elle était la dernière conquête de John, et probablement l’unique à s’être vraiment attachée à lui. Elle était visiblement désemparée. Elle ne se fit pas prier pour raconter les dernières semaines de John.  Les coups de téléphone qui s’espaçaient. Les remarques désobligeantes des producteurs, des gens du milieu. Le mouvement de révolte de John, convaincu de son talent, refusant l’évidence d’un  succès furtif. Ses colères sourdes qui se terminaient tard le soir, dans les bars de son quartier. L’argent qui ne rentrait plus. Les fins de mois impossibles. Puis trois tentatives de suicide, lamentablement ratées. « John n’est pas pour ce milieu, emmenez-le vite !! », conclut-elle.

Norbert avait retrouvé son sang-froid : il remercia la fille puis l’écarta doucement pour pénétrer dans la chambre de son frère.

Adossé à ses oreillers, John avait maigri. Norbert remarqua d’abord sa poitrine creuse entre les pans de son pyjama mal fermé. Puis son regard. Il n’avait pas changé depuis l’adolescence. Peut-être plus enveloppant, plus ardent encore. Il avait quelque chose dont Norbert ne pouvait se détacher. Peut-être était-ce là la quintessence du lien fraternel qui se nouait.

Norbert n’avait rien prévu. Ses premiers mots furent pour le rassurer :

-« Ne t’inquiète pas, nous sommes là…. »

Il lui donna des nouvelles de sa mère, de sa ville, des filles et des garçons que John avait connus. Norbert évitait de parler des derniers mois que son frère avait vécus : le succès éphémère, l’altercation qu’il eut avec son frère, au faîte de sa « gloire », et puis la chute.

-« Tu vas venir habiter avec moi un moment, et puis on prendra le temps de voir venir… »

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La semaine suivante, Norbert avait installé John dans un son studio. Il avait trouvé un lit de camp chez un copain. John ne parlait pratiquement pas. Il passait ses journées au lit alors que son aîné partait chaque matin pour travailler. Le soir venu, Norbert ramenait quelques courses pour faire un repas frugal qu’ils partageaient silencieusement avec John.

Norbert ne pouvait pas détacher les yeux du regard de son cadet. Il était comme happé par le vide intérieur qu’il y devinait. Il avait l’impression que sa vitalité naturelle ne pourrait rien contre cette pesanteur qui tenaillait son cadet.

Un jour, Norbert comprit le déclic :

-« C’est toi qui avait raison, John, tu as du talent, il faut remonter sur scène, je vais t’y aider… »

Alors, pour la première fois depuis plusieurs semaines, une lueur d’intérêt s’alluma dans le regard de John, c’est lui qui plongea un regard interrogatif dans les yeux de son frère…

                               

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