La fin des Photographes
8 juillet, 2009Dans une contrée reculée, à une époque lointaine, vivait un peuple méconnu mais pourtant particulièrement curieux. Bien avant M.Niepce, les Zerglous avaient inventé la photographie.
Les photographes étaient les Grands Prêtres de cette société. Ils constituaient la classe sociale la plus élevée. Eux seuls avaient le droit de porter la toge pourpre bordée de fils d’or. Ils étaient adulés et respectés des classes populaires. Leur dignité se transmettait de père en fils.
En effet, le pouvoir que les photographes avaient de maîtriser le temps en le figeant grâce à leurs drôles de machines leur conférait une supériorité manifeste par rapport au simple citoyen qui, lui, subissait les outrages des ans sans moyen de défense. Il était d’ailleurs interdit à un individu du peuple de détenir un appareil photographique sous peine de sanctions les plus sévères.
Les hommes et les femmes de ce peuple recouraient fréquemment aux services des Photographes moyennant une bourse bien pleine pour graver les instants heureux de leur vie : une naissance, une union, un belle prise à la chasse. Parfois même, on voyait un riche bourgeois à qui l’on avait conté une plaisante histoire se précipiter chez son photographe pour qu’il immortalise le moment où l’homme riait de tout son soûl.
A l’automne, on rencontrait souvent les Photographes opérer en pleine campagne pour prendre un cliché des paysages flamboyants qui viendraient orner les murs de la haute noblesse du pays. Les photographies circulaient de mains en mains et étaient le support à de nombreuses histoires racontées par les anciens pendant les veillées au coin de l’âtre. Ils pouvaient ainsi illustrer leurs souvenirs auprès des jeunes enfants qui dévoraient des yeux les prises de vue que leur ancêtre sortait de leur boîte avec toutes sortes de précautions gourmandes.