Archive pour le 21 juin, 2009

Le jeu du chat et de la souris

21 juin, 2009

Julien se réveille, c’est un nouveau jour d’école. A 9 ans, il n’est plus question de manquer la classe sans motif valable, une bonne grippe par exemple. C’est très pénible de se réveiller, d’abord parce que dès que le nez dépasse le niveau de la couverture, il fait froid de partout et ensuite parce que Julien a eu un rêve agité cette nuit. Les Zoulous de la Planète X21 l’ont attaqué à coups de rayons laser electro-stratosphérique alors qu’il circulait tranquillement dans son vaisseau interstellaire à propulsion tri-atomique dans la proche banlieue de Mars. Il s’en est sorti de justesse, il faudra quand même qu’il en parle au capitaine Haddock, commandant de la super plate-forme spatiale, installée à vingt mille années lumières pour étudier et coloniser les populations d’extra-terrestres. A ces angoisses nocturnes, Julien ajoute des soucis plus terre à terre : depuis quelques jours Papa ne lui parle plus beaucoup, il ne faudrait quand même pas qu’il ne l’aime plus. Mais Julien ne le pense pas : les adultes comme son père ont beaucoup de soucis qui peuvent expliquer un changement de comportement parfois. Julien se demande s’il ne va pas purement et simplement refuser de grandir. Si c’est pour se retrouver dans le même genre de situations que son papa, le jeu n’en vaut pas la chandelle…

Stéphane, le frère de Julien, est levé depuis un moment. La journée au collège s’annonce pourrie, pour adopter son langage habituel. Le grand problème est de savoir s’il ne va pas être interrogé au début du cours d’Histoire. C’est que le père Maresco n’est pas un tendre : une interrogation orale est une vrai torture publique. Même quand vous savez votre leçon, ce qui n’a rien d’évident, Maresco va chercher à vous faire tomber avec des questions pièges, un vrai sadique. Il y a eu hier, dans la cour de récré, une réunion de travail avec les copains pour évaluer les « chances » de chacun d’être interrogé par Maresco. Stéphane sait qu’il est dans le collimateur : voilà longtemps qu’il n’est pas passé au tableau. Il a bien conscience qu’il rentrera tout à l’heure en cours d’Histoire avec le ventre noué, ça le met dans une humeur massacrante. En plus, un souci n’arrivant jamais seul, il craint que Marjorie, la fille de la classe dont il est tombé amoureux dès le jour de la rentrée, ne fasse plus attention à lui. Il ne lui a jamais déclaré ses sentiments : il a bien trop la frousse qu’elle se moque de lui. Mais peut-être qu’il faudrait qu’il le fasse quand même avant qu’elle ne file vers un autre : il a l’impression qu’elle regarde beaucoup le grand Patrick, le mec le plus costaud de la classe.

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