Lucien Grognasson en mauvaise posture

Ce matin, Lucien Grognasson est en forme. Il a beaucoup de récriminations à faire valoir auprès de qui veut l’entendre.

Il arrive chez Monsieur Petitgrain, le boucher, prêt à exposer ses doléances. Mais Madame Pichegru est là, fourbe, sournoise, rapide comme une anguille. Elle lui coupe ses effets. Elle se plaint des travaux que la mairie à engager sous ses fenêtres soi-disant pour y réparer des canalisations ! Elle n’est pas sûre que ce soit la Mairie, mais le problème est le même ! Monsieur Grognasson se rend-il compte ? La semaine dernière, elle avait déjà  du endurer d’autres travaux pour installer le tramway !

Lucien Grognasson aimerait bien placer son couplet sur les mobylettes des jeunes qui pétaradent dans la rue jusqu’à une heure avancée de la nuit, mais Madame Pichegru est volubile. Elle ne cède pas un pouce d’espace d’expression à Monsieur Grognasson. Voici qu’elle s’en prend au facteur qui s’est encore trompé en distribuant son dernier numéro de Modes et Travaux dans la boite aux lettres de Madame Bourrichon, tandis qu’elle, madame Pichegru, a reçu le roman photo à l’eau de rose de Madame Bourrichon. A son âge, c’est ridicule de lire de telles bêtises! Qu’est-ce que Monsieur Grognasson en pense ?

Lucien Grognasson n’a pas le temps de penser. De toutes façons, Madame Pichegru s’en fiche. Elle s’attaque à Madame Poulineau qui a bassement intrigué auprès du marchand de tabac pour qu’il lui réserve le dernier numéro disponible de « Voici » de façon à ce qu’elle ne puisse pas le lire !

Le boucher se retourne enfin, en s’essuyant les mains sur son tablier blanc, rougi de sang :

-Et pour Monsieur Grognasson qu’est-ce que ça sera ?

Monsieur Grognasson veut des pieds de porcs, mais il est devenu maussade. Personne n’écoute ce qu’il a à dire.

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