Archive pour février, 2009

Poème surréaliste

18 février, 2009

Un tas de problèmes

Un flot de mensonges 

Un lot de consolation ou alors de chaussettes 

Un monticule ridicule 

Un amas de contradictions

Des tonnes de complexes

Une cargaison mal arrimée et pas arrivée

Des wagons de marchandises avariées

Un empilement prêt à s’effondrer

Des entrelacs de carcasses rouillées

Un torrent de montagne

Une montagne qui accouche

Un paquet mal ficelé

Un tombereau de fumier

Un ramassis de brigands

Une avalanche de bonnes nouvelles

Une meule de foin ou alors de fromage

Une palanquée de réformes

Une marée humaine

Une bordée d’injures

Et trois perles de rosée

Une controverse historique

17 février, 2009

 Il est un fait historique peu connu des spécialistes du XVII ème siècle. Pendant que sa Majesté Louis XIV s’éclipsait pour guerroyer aux frontières du royaume, il avait coutume de confier le pouvoir à un cousin éloigné dans lequel il avait entièrement confiance. Il se nommait « Louis XIV bis ». Malgré sa petite taille et son teint cuivré par le soleil, il avait une allure faite de noblesse et d’élégance qui forçait le respect des courtisans. Son goût des belles lettres et des arts plaisait aux dames de la Cour qui se pressaient lors de ses apparitions dans l’espoir d’être remarquées.

En ce bel après-midi de printemps, Louis XIV bis déambulait, très à l’aise dans le pourpoint modestement paré qu’il avait coutume de porter sur ses terres languedociennes. A ses cotés, l’abbé Dufourneau suait sang et surtout eau dans sa soutane d’ecclésiastique et son embonpoint de gastronome.

-          Voyez-vous Dufourneau, pour vous l’Art s’arrête à la chaste reproduction de quelques bondieuseries éthérées…..!

-          Certes, votre Majesté. Mais vous savez que notre sainte mère l’Eglise condamne fermement toute reproduction du corps humain dans un autre contexte.

-          Mon bon Dufourneau, pour résumer ma pensée, je dirais que votre Eglise n’entend rien à l’Art…

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Comment occuper un bloggeur ?

16 février, 2009

Le bloggeur pourrait donner son avis sur l’incompréhension dans le couple ou alors la misère du monde, en pestant contre l’injustice, ou alors sur la suprématie de la tarte aux pruneaux sur la mousse au chocolat en valeur énergisante.

Mais quand il pense à tous les pauvres tarés qui construisent frénétiquement leurs blogs sur ce genre de thèmes en s’imaginant que le monde entier attend leurs pauvres opinions, le bloggueur est découragé.

Et puis de toute façon, sur les rapports entre les hommes et les femmes, ça fait plusieurs siècles que ça dure, si quelqu’un avait la solution, tout le monde serait au courant.

Quant à la misère du monde, le bloggeur qui –notons-le- est matériellement très à l’aise puisqu’il a le temps d’écrire sur son blog, ne se sent pas très bien placé pour en parler.

Pour ce qui est de la recette de la tarte aux pruneaux, le bloggeur n’est pas sûr de mobiliser les masses populaires sur ce sujet.

Il pourrait parler de rien, c’est-à-dire du néant. Mais que dire sur rien ? Le bloggeur lance un jeu : que dire de rien ?

Un français bien moyen

15 février, 2009

Il avait même essayé de s’appeler Arnaud Marty. Trois ans de procédure pour changer de prénom et de nom avaient lamentablement échoué. C’est que vous ne pouvez pas vous appeler comme vous voulez. Pour que l’état civil accepte une modification, il faut avoir un patronyme qui donne envie de se moquer de vous ou alors qui rappelle quelqu’un de notoirement abominable. Ah ! S’il s’était nommé Landru ou Barbe Bleue !!

Non, Henri Martin était bien Henri Martin et il allait le rester. Il était le français moyen. Même les statistiques officielles le disait : il avait le prénom et le nom les plus portés en France.

Il était né dans un petit village du Cher, en plein centre de la France. C’était en quelque sorte le point moyen du territoire national. Au moment de sa naissance, les voisins de ses parents essayèrent bravement de jouer au jeu des ressemblances en se penchant sur son berceau. Madame Boulloche, l’épicière de la place du marché trouva même qu’il avait indiscutablement le front se son papa. En fait, il ne ressemblait à personne de connu. Tout en lui était moyen, impersonnel. On pouvait dire qu’il n’avait aucune caractéristique.

A l’école, et plus tard au lycée, il se tenait régulièrement en milieu de classe. Ses notes n’étaient ni bonnes, ni mauvaises. Et contrairement aux autres, personne ne pouvait dire de lui que c’était un « matheux » ou un « littéraire ». Ses notes étaient proches de 10/20 dans toutes les matières. C’était pourtant un travailleur le petit Henri. Il se donnait de la peine. Mais il avait continuellement l’impression de ne pas intégrer ce qu’il lisait ou ce qu’il entendait. Les jours de composition de français ou de maths, il sauvait l’essentiel, « à l’arraché », là où certains de ses camarades de classe se couvraient de lauriers sans lui donner l’impression de forcer l’allure. Le jour du bac fut l’image de toute sa scolarité. Il décrocha le diplôme avec 10,1 de moyenne.

Sans relief particulier ni sur le plan physique ni sur le plan intellectuel, il avait peu d’amis et aucun succès féminin. Il ne lui arrivait jamais rien d’extraordinaire et il avait donc peu de choses à raconter.

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Un soir, auprès de la cheminée…

14 février, 2009

Marie est assise au coin de l’âtre. Ses yeux gris se perdent dans les dernières flammes du feu qu’elle allume quand vient la nuit. Elle pense au temps où elle se portait mieux. C’était il y a bien des années. Elle allait au bal tous les samedis soir, en robe à fleurs, assise sur le cadre du vélo bleu de Gérard. Le rose aux joues et les cheveux au vent, elle éclatait de rire sur la route tandis que son amoureux lui susurrait des mots tendres à l’oreille. Parfois, elle croisait une copine qui les regardait passer avec un brin de jalousie dans le regard. Marie lui lançait alors un grand signe d’amitié de la main. Elle avait vingt ans, lui un de plus.

Ce soir, elle jette un coup d’œil sur Gérard : il s’est endormi dans son fauteuil à bascule. Son visage chenu a légèrement basculé sur le coté.  Il a encore mis son vieux gilet rouge rapiécé aux coudes. Marie se lève et rajuste le plaid tombé à ses pieds pour qu’il n’attrape pas froid.

Moi…

14 février, 2009

Mon coté romantique

Ma part de féminité

Mon aspect viril

Mes quelques kilos en trop

Mon regard acéré sur la vie

Mes chaussettes trouées

Ma hauteur de vue

Mon sourire énigmatique

Ma façon de couper les spaghettis en deux

Mon charisme rayonnant….

Il y a une tendance au narcissisme sur ce blog qui commence à m’énerver un peu……..

L’île joyeuse

13 février, 2009

 Il était une île du Pacifique, peu connue des navigateurs, que ses habitants avaient nommée l’île du Paradis. Les mots pour la décrire ne respirent pas l’originalité : entourée de plages de sable blanc, dans un écrin de verdure et de soleil que les caprices de la météorologie ne venaient jamais troubler, ce bout de terre était habité d’un millier de paradisiaks, vêtus de simples pagnes ou paréos, qui vivaient dans un état de  jovialité et de décontraction inconnu des autres sociétés humaines. 

 En effet, la joie et la bonne humeur étaient érigées en règle. C’était même la loi puisque le principe du sourire avait été opportunément inscrit dans la Constitution de l’Etat, votée à l’unanimité de ses habitants. Jean-Baptiste, le seul policier de l’île, qu’on distinguait grâce à ses vêtements d’une ravissante couleur kaki, était chargé de verbaliser tout habitant qui, à une quelconque occasion, venait à manifester un mouvement de courroux en public. Il remplissait sa tâche dans la gaieté et l’allégresse pour ne pas avoir à se sanctionner lui-même. La vie quotidienne se déroulait dans un enchantement permanent. Lorsque les pêcheurs revenaient à terre leurs filets vides, ils éclataient de rire en se disant que les prises seraient d’autant plus riches le lendemain. Les employés étaient positivement ravis de venir au bureau et remerciaient chaleureusement leur chef de service lorsque celui-ci leur permettait exceptionnellement d’effectuer des heures supplémentaires imprévues. Dans la rue, on ne pouvait croiser quelqu’un sans le saluer civilement en montrant un visage avenant et joyeux. 

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L’Homme triste

12 février, 2009

Les premières feuilles de l’automne tombent. L’Homme,  d’un geste auguste, ratisse le gazon de son jardin. Il est triste et nostalgique. C’est désolant un arbre qui perd son fier feuillage !  Il était tout de même bien, en août dernier,  à l’ombre de ses grands chênes.

Voilà que survient l’hiver. L’Homme est encore plus  triste. Il fait froid, le départ du matin se déroule dans l’obscurité, le retour du soir ne vaut pas mieux. L’Homme se dit qu’il est encore plus affligé qu’en automne.

Au printemps, l’ambiance n’est pas au beau fixe. Les dépenses de Noël et du Jour de l’An grèvent les finances : il a fallu organiser deux réveillons pour faire plaisir à tout le monde et s’y ennuyer joyeusement. Il faut payer le premier tiers provisionnel qu’il ne faut pas oublier comme l’an dernier. Il faut organiser les prochaines vacances d’été, se demander où l’on ira en sachant que ce sera le Lavandou comme chaque année. Il va falloir faire réviser la voiture, il y aura surement des frais.  Bref, l’homme est accablé par les intempéries budgétaires.

L’été arrive. La situation s’aggrave. Il fait nettement trop chaud, les climatiseurs sont cassés au bureau. Comme d’habitude, il faut ouvrir les fenêtres et profiter du vacarme de la rue. Le soir dans les embouteillages et les gaz d’échappement, l’Homme au volant dilue sa morosité dans sa mélancolie. Bientôt, il va falloir qu’il aille s’entasser au Lavandou.

C’est dit, l’Homme va inventer une cinquième saison : ce sera la saison d’Encorelui !!!!

 

La C.O.N.C.

10 février, 2009

La Sitelle Torchepot , en compagnie de la Courvite Isabelle, se rend à l’assemblée Générale de la C.O.N.C. (Compagnie des Oiseaux au Nom Curieux).

Il ya là le Goéland Railleur qui se moque de tout le monde, le Bécasseau Variable dont on subit souvent les sautes d’humeur, le Canard Siffleur et son cri qui perce les oreilles de chacun.

Même les étrangers sont venus. Les Inséparables à Tête Rouge ont fait le voyage d’Afrique du Sud, ce couple de petits perroquets ne se sépare jamais. Monsieur est toujours du même avis que Madame qui est aux petits soins pour Monsieur. Le Héron Garde-Bœufs a laissé sa campagne et ses bovins qu’il passe son temps à débarrasser des parasites qui les indisposent.

C’est que l’affaire est grave. Un nouveau venu, le Shubukin de Bristol demande à faire son entrée au sein de la C.O.N.C. On réfléchit, on se concerte, on atermoie, on négocie, on parlemente, on atermoie encore…

Quand soudain arrive la Perruche Ondulée toute essoufflée. Elle va parler, c’est l’un des rares oiseaux à connaître jusqu’à 12 mots de la langue des humains ! Horreur ! La Perruche Ondulée s’est renseignée grâce au dictionnaire. Le Shubukin de Bristol n’est qu’un vulgaire poisson rouge ! La C.O.N.C. doit rester à l’ordre des volatiles! Dehors l’intrus ! Nous l’avons échappé belle !

Des trous, des petits trous, des grands trous…

9 février, 2009

Hiver comme été, entouré de ses quelques moutons, de deux vaches et de son chien, Fernand vivait seul dans sa cabane, en haut du col. Tout près de l’endroit où la route faisait basculer le voyageur d’une vallée à l’autre. Peu de voitures s’aventuraient à si haute altitude où l’air était si vif. Aux beaux jours cependant, quelques citadins aventureux s’arrêtaient pour pique-niquer au bord d’un chemin, mais dès le mois de septembre le silence se refermait. On disait de Fernand qu’il vivait dans un trou perdu. Personne au village n’avait jamais compris pourquoi, mais c’était ainsi et chacun s’y était habitué.

Le soir dans les veillées, certains déclaraient en riant qu’il était né sous le signe zodiacal du Trou. L’opinion la plus répandue était que Fernand avait connu dans sa vie une période particulière pendant laquelle des évènements mystérieux ou extraordinaires l’avaient profondément bouleversé et conduit à s’isoler du monde. Mais personne n’avaient la moindre idée de ce qui avait pu marquer à ce point le vieux berger pendant cet épisode. Les rumeurs les plus fantaisistes étaient colportées à ce sujet.

(suite…)

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