Lucien Grognasson et les temps modernes…
4 février, 2009Lucien Grognasson moud son café grâce au moulin manuel de Madame Grognasson mère, décédée au cours de sa cent unième année en dépit d’une consommation intensive du fameux nectar. Il trouve que l’utilisation de l’engin permet au breuvage d’exhaler parfaitement sa délicieuse senteur lorsqu’il est acheté en grains concassés à la main.
Lucien Grognasson vient de fêter le cinquantième anniversaire de son téléviseur. Il fut le premier de son immeuble à en posséder un et il est toujours en état de marche ! Certes Monsieur Grognasson doit parfois froncer les sourcils pour distinguer les ombres qui se profilent sur son écran, certes Monsieur Grognasson ne reçoit plus qu’une chaine parmi les 364 qui sont perçues chez son voisin, mais quelle fierté lorsque les écoliers du quartier, dirigés par leur maître, viennent admirer ce véritable vestige des temps anciens.
Lucien Grognasson se rase toujours avec le sabre qu’a utilisé pour la première fois son arrière grand père Amédée Grognasson, lors du siège de Sedan en 1870. Le coupe-chou est peut être un peu surdimensionné pour son objet, mais il suscite l’admiration de ces dames et la fascination de la presse professionnelle consacrée au métier de barbier.
Lucien Grognasson se rend au défilé traditionnel du 14 juillet au volant de sa Frégate modèle sport de 1956. La sortie du véhicule entraine chaque année un sympathique mouvement de foule dans les rues et un arrêt immédiat de la circulation sur son passage.
Lucien Grognasson n’a rien contre le modernisme, mais quand même, il pense qu’aujourd’hui, on ne produit d’objets aussi solides qu’autrefois…