Archive pour février, 2009

Des mots, Encore des mots, Toujours des mots…

28 février, 2009

J’ai trouvé une astuce vaseuse dans un vase

La presse bayonnaise ne se laissera pas bâillonnée.

Je ne mâche pas mes mots, je les avale directement.

J’ai une calvitie qui se prononce comme elle s’écrit.

J’ai vécu un calvaire à Cavalaire ou alors à Calvi, je ne me souviens lu.

J’ai un souvenir cuisant à feu doux.

Je prends quelques jours de RTT pour faire du VTT.

Je me suis marré comme la baleine qui crut que je me moquai d’elle et me mangea. Tout crû.

Le chien aboya et la caravane s’arrêta pour s’inquiéter de savoir à qui appartenait ce chien qui aboie chaque fois qu’elle passe quelque part.

Le notaire rédigea une minute sans la perdre et sans en perdre une.

J’ai beaucoup d’argent, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai des ennuis d’argent.

On disait d’elle qu’elle avait une poitrine généreuse mais celle-ci n’a jamais rien donné.

Gai, munie d’une sagaie et d’un brin de muguet, la sentinelle gay était aux aguets.

Un manteau rouge dans les bois

27 février, 2009

 Brigitte a préparé le panier de victuailles comme chaque semaine. Sa mère Marie, qui a servi toute la nuit au cabaret du port, dormira très tard avant de reprendre son service pour une nouvelle soirée. A treize ans, Brigitte est une jeune fille qui ne connaît plus l’insouciance de l’enfance : elle sait ce qu’elle a à faire et l’accomplira sans hésitation, jusqu’au bout. Son regard fier étonne dans son visage poupin et rosie. La fillette revêt son passe montagne et son manteau rouges. Des mèches blondes s’échappent de sa coiffe tandis qu’elle s’entoure de son écharpe grise et enfile ses mitaines usées avant de quitter silencieusement la modeste masure où elle vit depuis 13 ans avec Marie, seules depuis que Ben est mort en mer.

Les galoches de Brigitte résonnent sur les pavés humides. A cette heure proche du crépuscule, elle croise quelques rares passants pressés qui la saluent gentiment en opinant de leurs bonnets enfoncés jusqu’aux oreilles. Brigitte aime ce moment où la lumière décline : elle puise dans cette nostalgie des paysages de la sérénité et de la sagesse.

Dans ce port qui s’ouvre sur la Mer du Nord, l’hiver a été rude. Le printemps se fait attendre. Les familles vivent petitement des produits de la pêche et meurent parfois des drames en mer quand les flots dévorent les hommes.

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Soyons flous !

26 février, 2009

Le désordre, l’approximation, l’à-peu-près, la légère imperfection, le détail irritant. Voilà ce qui distingue fondamentalement le genre humain du monde des machines et du règne animal. Votre machine à café fait du café. Elle ne connaîtra jamais cet instant de jouissance intense qui vous envahit lorsque, encore ivre de sommeil et agité de vos rêves érotiques préférés dont un réveille-matin jovial et sans pitié vient de vous extirper, vous prenez conscience en tâtonnant benoîtement dans les placards qu’il n’y a justement plus de café dans votre cuisine et que vous avez omis de vous réapprovisionner.  

Un autre exemple de la supériorité de l’humain ? Votre chat Bertrand (d’ailleurs pourquoi l’avoir appelé du prénom de votre meilleur ami ?), votre chat Bertrand, dis-je, est parfaitement à l’abri de cette excitation si particulière qui gagne l’ensemble de vos muqueuses dès que vous vous rendez compte que vous avez égaré votre trousseau de clé au moment de quitter votre logis pour une dure journée de labeur. En retard, comme d’habitude !

Il faut donc lutter contre toutes les formes d’un soi-disant progrès qui tente de vous rendre la vie plus facile et qui a pour seul résultat de vous déposséder de ces petits moments d’exaltation.

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Choses diverses

25 février, 2009

Les vases sont fâchés. Ils ne se parlent plus. Il n’y a plus de vases communicants.

Le participe est passé tellement vite que je n’ai pas eu le temps de l’accorder, dit l’élève.

Mon identité est complexe, elle vaut plus qu’une pièce.

J’ai suivi une manifestation monstre, mais j’ai été déçu, il n’y avait pas de monstres.

La manifestation se déroulait dans un quartier sensible, tout le monde pleurait.

Il alluma la lumière, on se  demande bien ce qu’il aurait pu lui faire d’autre compte tenu du fait que la pièce était éteinte lorsqu’il est entré.

Monsieur Artaban était-il vraiment fier de lui ?

Pourquoi dit-on qu’une chandelle est fière ? Il n’y a pas de quoi…

Il ne faut pas tuer la poule aux œufs en chocolat surtout si l’on aime le chocolat.

Il faut prévenir les maladies… qu’elles risquent de provoquer des malades.

Un enfoiré

23 février, 2009

Ouragan Apaisé déambulait dans le village en réfléchissant gravement aux évènements qui agitaient la tribu. La fraîcheur matinale obligeait les vieilles squaws à se couvrir d’une couverture en sortant de leurs tipis. Mais le Comanche savait que le soleil qui se dissimulait encore, s’élèverait bientôt, haut dans le ciel. Les femmes étaient déjà revenues de leur corvée de bois sec, elles avaient allumé des feux pendant que les enfants se chamaillaient en tournoyant autour de leurs jupes. Les guerriers âgés vérifiaient des armes alors que les jeunes gens étaient partis pour la chasse depuis longtemps.

Ouragan Apaisé connaissait chacun des membres de cette tribu. Il aimait à s’arrêter auprès de chaque foyer pour converser avec les uns et les autres. Il appartenait aujourd’hui au Conseil des Sages et ses avis étaient reconnus pour leur pondération et leur subtilité. Lorsqu’il était enfant, ses amis recouraient déjà à ses services pour trancher des litiges.

Présentement la situation politique de son village présentait une grave difficulté. Cheval Fourbu venait de rejoindre les mânes de ses ancêtres sans laisser de descendant de sexe masculin. Il était évidemment inenvisageable de consacrer l’une de ses filles à la tête de sa tribu. Le Conseil des Sages avaient longuement délibéré pour décider de l’attitude à adopter devant une situation que personne n’avait connue à ce jour.

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La marquise revient….

22 février, 2009

L’homme du peuple aborda le Roi.

- Que veux-tu manant ? s’indigna le Roi

- Oui que veut-il ce manant ?  répéta servilement la suite du Roi d’une seule voix.

L’homme du peuple dit qu’il s’appelait Martin et non pas manant et qu’il voudrait un peu plus d’argent pour vivre.

-          De l’argent ? Combien gagnes-tu par mois ?

L’homme du peuple répondit qu’il ne gagnait rien étant donné qu’il était corvéable et taillable à la merci de son seigneur. Le Roi se dit, qu’en effet, il y avait là un petit problème social.

La Marquise qui fort opportunément, se trouvait dans la suite royale, sentant vibrer la sensibilité de sa Majesté toujours très à l’écoute de son peuple, fit une proposition salariale :

-          Sire, trois pièces d’or pour ce brave homme ! Ce pourrait être une bonne plate-forme pour démarrer d’éventuelles négociations !

-          Très bonne idée, Marquise !

Le Roi se tourna vers son Ministre des Finances, lequel avait déjà signifié à sa Majesté que les caisses royales étaient épuisées sans compter les dettes de la Reine auprès de ses fournisseurs vestimentaires qui se révélaient particulièrement insistants.

-          Ministre ! Comptez donc trois pièces d’or à ce brave homme ! Soyez donc un peu à l’écoute des plus fragiles de notre peuple ! Parbleu !

La Marquise frétilla d’aise : elle venait de marquer un point aux dépens de ce Ministre qu’elle honnissait, Monsieur de Bercy.

Mais l’homme du peuple, ayant empoché sa subvention, ne s’éclipsa pas.

-          Quoi, encore ? S’impatienta sa Majesté

-          Sire, je voudrais de la considération !

-          De la quoi ?

Pris au dépourvu par un mot qu’il ne connaissait pas, Sa Majesté se tourna vers la Marquise en l’interrogeant du regard. La Marquise qui, elle non plus, n’avait jamais entendu parler de considération pour le peuple, hésita un instant. Puis, elle interpella le Ministre des Finances :

- Vous avez entendu Monsieur de Bercy ? Veuillez donner un peu de considération à ce brave homme !

Le moral des français est beaucoup plus élevé que ce qu’on raconte……

21 février, 2009

Epargnant au revenu modeste, ravi d’ouvrir un livret A dès l’ouverture de sa banque…

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La vie en bleu

21 février, 2009

- Je n’ai encore jamais vu ça !…. 

Le docteur Garofalo, psychiatre reconnu dans les milieux scientifiques, n’avait effectivement jamais vu un tel cas… ou plutôt jamais entendu de telles fariboles. L’homme qui se tenait devant lui, dans son cabinet, lui décrivait des symptômes étranges.

Il souffrait d’une obsession : il disait ne supporter que la couleur bleue. Il était constamment habillé en bleu de la tête au pied, y compris à ce qu’il assurait, les sous-vêtements. Son crâne rasé était teint en dégradé de bleus. L’homme portait visiblement des lentilles qui lui donnaient un regard bleu gris. L’ensemble lui conférait une allure inquiétante.

La façade de la villa où il vivait avait été également été repeinte en bleu roi. Cette fantaisie lui avait valu les foudres de l’administration qui ne pouvait pas laisser dépareiller un charmant paysage rural par une horreur pareille. Le procès engagé par l’Etat contre l’homme durait depuis des années. Toutes les voies de recours étaient loin d’être épuisées. Condamné par plusieurs instances, l’homme allait saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme, c’était une question vitale pour lui. L’été, il passait ses vacances entre ciel et mer, sur un voilier dont les structures et les voiles arboraient plusieurs tons d’indigo. Là, vêtu d’un short et d’un maillot de la même couleur, il coulait deux mois de l’année perdu au milieu de l’azur. Enfin seul et paisible.

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Les malheurs de Lucien Grognasson

20 février, 2009

Lucien Grognasson est enrhumé. La tête comme un caisson, le nez qui coule, l’humeur en berne. Pour ce qui est de la mauvaise humeur, le voisinage a l’habitude, il peine à faire pire. Voici qu’il croise dans l’escalier Mademoiselle Dulampion, toujours aussi fraîche. D’un joli mouvement de tête, elle salue gaiement Monsieur Grognasson :

-          Bien le bonjour, Monsieur Grognasson, comment allez-vous aujourd’hui ?

Lucien Grognasson saisit la balle au bond. Il dit qu’il va très mal, qu’il a surement la grippe. On dit qu’elle est chinoise cette année et donc certainement mortelle.

Mais Mademoiselle Dulampion connait bien notre homme :

-          Voyons ! voyons ! Monsieur Grognasson, ce n’est sans doute qu’un gros rhume…

Monsieur Grognasson n’est pas ravi qu’on minimise son affection. Il répond qu’il avait un cousin qui croyait aussi souffrir d’un rhume et qui n’en est jamais revenu. C’était durant cette drôle de guerre.

La queue de cheval de Mademoiselle Dulampion s’agite affectueusement :

-          Je vais vous donner le remède de ma grand-mère, Monsieur Grognasson : vous coupez un oignon en deux sur votre table de nuit et il vous débarrassera de vos microbes pendant que vous dormez ! Ce n’est pas merveilleux ?

Monsieur Grognasson ne trouve pas. Il faudrait une consultation médicale et des remèdes qui aient l’air beaucoup plus sérieux qu’un oignon. Même coupé en deux.

La nuit suivante, Monsieur Grognasson essaie le truc de Mademoiselle Dulampion. On ne sait jamais, se dit-il. Le lendemain les fosses nasales de Monsieur Grognasson sont largement dégagées. Il croise de nouveau Mademosielle Dulampion à laquelle il est bien obligé d’avouer son succès thérapeutique.

Mais, du coup, Monsieur Grognasson est abattu : il n’a plus de motif à avancer pour se faire plaindre ! A tout hasard, il claudique un peu en rentrant chez lui. Mais Mademoiselle Dulampion est déjà partie de son pas souple et léger. Cette jeunesse n’a pas beaucoup d’attention pour ses aînés, tout de même !

Un peu d’Histoire….

19 février, 2009

Le 11 février 1352, la cérémonie du  sacre du  Roi Charles le Bel se déroulait dans la cathédrale de la bonne ville de Reims dont Maître Tisserand était l’un des notables les plus connus par l’ampleur de sa pratique, laquelle l’entraînait à fréquenter les hautes dames de
la Cour, et l’un des commerçants les plus réputés par la finesse des soieries qu’il faisait venir d’Orient grâce à d’intrépides voyageurs qu’il savait récompenser de leur hardiesse.

Vêtu de son meilleur mantel pour se protéger de la froidure, notre homme sortit de sa demeure bourgeoise, dès le jour, pour tenter d’apercevoir le nouveau souverain. Sur la place du Marché, la foule s’agitait comme la fourmilière dérangée par le pas du promeneur ; la rumeur incessante de la cohue était dominée par les cris des bonnes femmes énervées ou les chansons grotesques des pochards avinés. Des jongleurs montraient leur dextérité à un cercle de curieux ; sur une estrade, des comédiens donnaient une pantomime silencieuse où il était question d’un roi de pacotille ridiculisé par ses courtisans, sous les railleries du public qui s’esbaudissait ainsi que tous les peuples le font lorsqu’on se moque des Grands qui nous gouvernent.

Maître Tisserand aperçut enfin la taverne de Maître Barbichet. Devant sa porte, un marchand de vin faisait rouler ses barriques en hurlant qu’on lui fasse place. En descendant les trois marches qui menaient à la salle commune, il eut déjà les narines assaillies par des relents délicieux de la cuisine de Madame Barbichet et les oreilles abasourdies par le chahut des clients excités par le nectar de Maître Barbichet, lequel surgit en tendant les bras au nouveau venu.

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