Archive pour janvier, 2009

Au bonheur des français (par Tintin)

7 janvier, 2009

Dieu trouve les français atteints de morosité. Il confie la mission à l’Esprit Saint de revitaliser leur moral.

Le premier jour, l’Esprit choisit de frapper Julien Poulichon. Après des études approfondies, Julien mène une carrière brillante d’ingénieur des travaux publics. L’Esprit lui souffle de créer l’autoroute à bouchon. Les français aiment à se retrouver à leur volant, pare-choc contre pare-choc : il faut donc favoriser cette distraction. C’est ainsi que naît la nouvelle autoroute Paris-Paris. Au départ, elle comporte cinq voies, puis rétrécit à quatre voie après cinq kilomètres pour finir contre un mur vingt-cinq bornes plus loin. Dès le premier jour, le nouvel ouvrage est pris d’assaut, l’embouteillage dépasse tous les records. Dans ce domaine, c’est une des plus belles réussites routières de ces trente dernières années. Il faut l’intervention de vingt cinq pelotons de gendarmerie pour dégager les véhicules. L’évènement occupe les journaux télévisés des principales chaînes de télé, avec interviews de routiers internationaux et grognons à la clé :

-          Il n’y a qu’en France qu’on voit ça !!….

Julien Poulichon sent confusément qu’il vient de réussir une grande première internationale. L’Esprit le complimente d’ailleurs chaudement, affirmant qu’il n’aurait pas fait mieux et que les français, qui ont passé trente heures dans l’immobilité absolue dans leur véhicule, lui en seront éternellement reconnaissants.

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Quand la marquise tient salon

6 janvier, 2009

Les mardis après-midi de la marquise sont très courus. Son salon est envahi par les hautes dames et les vaillants gentilshommes qui comptent auprès de sa Majesté. Les plateaux d’argent glissent entre les invités,  la marquise a fait servir la meilleure liqueur de sa propriété d’Anjou. Les conversations vont bon train,  les mots d’esprit s’entrecroisent, les hommes s’esclaffent avec élégance, les dames s’esbaudissent en agitant leurs éventails avec frénésie. Car il fait chaud en cet après-midi du mois de juillet bien que la marquise ait ordonné d’ouvrir toutes les portes fenêtres qui donnent  vue sur son jardin qu’illuminent ses bosquets odorants de roses de Damas.

Soudain, le Vicomte de la Bonbonnière, rouge, essoufflé, tout bouffi dans son embonpoint bedonnant, surgit au milieu des convives. La marquise fronce les sourcils et s’apprête à chasser l’intrus. Voilà un vil sot que plus personne ne prie plus sous son toit !

- Le peuple a détruit la Bastille ! s’exclame-t-il, encore affolé de la course qui l’a conduit chez la marquise.

Les conversations s’arrêtent net, les têtes stupéfaites  se tournent vers le Vicomte. Puis comme orchestrés par un commandement invisible, les convives se reprennent, chacun y va  de son sentiment  ou de son opinion dans un chahut inaudible.

- La Bastille, comme c’est amusant !

- Le peuple, c’est qui ?

- Encore un coup des casseurs de banlieue!

- Sa Majesté va être contrariée !

- Moi, je m’en fiche, je ne prends pas le métro !

- La Bastille, c’est quoi ?

- Le quatorze juillet, tout de même… on ne fait pas ça un quatorze juillet !

- Je peux encore avoir de la liqueur ?

Devant le brouhaha grandissant, la marquise s’apeure : il faut qu’elle réagisse, sinon sa soirée va être gâchée par cet affreux vicomte et les vilaines nouvelles qu’il colporte pour faire l’intéressant ! Vite un divertissement !

- Mes amis ! Et si nous organisions une grande compétition de trictrac entre nous ? S’exclame-t-elle.

- Trissotin, installez les tables de jeu, mon ami !

 Tintin

               

Une belle prise (par Tintin)

5 janvier, 2009

 Je n’ai jamais vu la mer. Je crois que j’aurais aimé le roulement incessant des flots, les criaillements des mouettes fugueuses, l’horizon qui s’enflamme lorsque vient le crépuscule. J’ai du me contenter de l’imaginer à partir des récits de voyageurs bienveillants. Imaginer que je voguais sur le navire amiral, droite sur le gaillard d’avant, giflée par le vent et les embruns, goûtant les premières ardeurs du soleil levant tandis qu’autour de moi les hommes hurlent la manœuvre et que les mousses grimpent comme des insectes entêtés dans les cordages et les mâts. Ou alors, j’aurais pu simplement fouler ces plages désertes dont le sable est si doux sous le pas. En hiver, on dit que le ciel y est bas, le paysage serein et qu’on y est bien pour méditer.

Entourée des tours de mon château, des courtisans et des fous du roi, non seulement je n’ai jamais contemplé l’océan, mais je n’ai jamais rien pu voir d’intéressant. Je ne connais pas le peuple de mon royaume. Il parait que c’est inutile pour régner efficacement. La populace n’a pas à interférer dans les affaires de l’Etat, il ne manquerait plus qu’elle puisse donner son avis ! Il ne m’a pas été permis de m’occuper des pauvres et des indigents. C’est indigne du sang royal qui coule dans mes veines ! Je n’ai que le droit, les jours de cérémonies, de recevoir la bénédiction des hommes d’Eglise et l’allégeance des seigneurs inféodés. Les chevaux des écuries et Zéphyr, mon destrier préféré, constituent une de mes rares distractions, le seul moyen de soulager pour un moment mon mal de vivre. Pourtant mes ballades équestres sont limitées, je ne suis pas autorisée à sortir du pré carré des jardins majestueux de notre palais. La garde royale aurait tôt fait de me rattraper si j’avais des envies d’élargissement. Le Roi, mon époux, vit très entouré, comme défendu par ses conseillers. C’est un homme important, puissant, son pouvoir est à la fois redouté et convoité. Lui aussi bouge peu et sort rarement. Il est tellement assiégé, cerné, attaqué de toutes parts qu’il doit être rigoureusement protégé par sa garde rapprochée. Voilà bien longtemps que nous ne passons plus de doux moments ensemble !

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Qu’est-ce qu’il y a à la télé ce soir ?

5 janvier, 2009

M.Balluchon s’assied en soupirant lourdement sur son sofa de couleur vert d’eau. Sa journée de labeur l’a fatigué. Il cherche sous les coussins l’hebdomadaire qui délivre les programmes de télévision. C’est énervant, il ne se trouve jamais là où il l’a laissé la veille. Comment va-t-il faire pour construire sa soirée ?

Le lundi, c’est facile : c’est le jour du feuilleton qui raconte les histoires d’une famille de français moyens. Le mardi, c’est un jour de réflexion : il suit l’émission de société qui passe des reportages sur la vie de français moyens. Le mercredi, il n’y a pas de problème comme tous les français moyens, Monsieur Balluchon suit la Ligue des Champions. Le jeudi, il croit se souvenir que c’est le jeu des futures stars de la chanson  dont la vie de français moyen donnent envie à tous les téléspectateurs de se prendre pour des vedettes.

Mais le vendredi ? Hein ? Qu’est-ce que la télé peut proposer à Monsieur Balluchon le vendredi soir ? M.Balluchon ne se souvient plus : il est malheureux! Mais où est-il passé ce programme, Nom de D… ?

 Tintin

Charlotte

4 janvier, 2009

Charlotte est entrée dans la police très jeune et est, aujourd’hui, ravie de porter l’uniforme. Cet été, elle ne veut plus penser qu’à elle et à son métier. L’hiver dernier, elle a dégusté, Charlotte ! Bertrand l’a quitté en janvier. Il n’avait pas osé lui annoncer son départ pendant les fêtes : tous des lâches ! Sa mère décèda en février, à 95 ans, certes, mais tout de même ! Au rythme où sa vie s’avançait, Charlotte attendait la prochaine tuile en mars. Rien ne se produisit, enfin rien avant le 31. Ce jour là, en patrouille dans une cité, elle prit un jet de boulon en pleine figure : huit points de sutures, quinze jours d’arrêt. Il parait que ça aurait pu être pire.

En avril, le printemps revenait. A tous points de vue. Charlotte put enfin passer le pont du Premier Mai sans encombre majeure. Depuis, elle remonte la pente, Charlotte. Sportive, la silhouette déliée et volontaire,  elle à l’air bien dans sa peau. Sous l’ombre de la visière de son képi, on devine ses yeux clairs aux aguets, prêts à se montrer furibonds avec le premier contrevenant aux règles du code de la route. Sa chemisette bleu ciel lui va à ravir, le pantalon d’uniforme tombe bien. Elle attire les regards masculins dans la rue. Elle-même n’aurait jamais imaginé que l’uniforme, que l’on dit si souvent prestigieux,  puisse être aussi sexy.

Aujourd’hui, elle est en faction à l’intersection entre le Boulevard Charles-de-Gaulle et la Rue de la République. Le carrefour est réputé accidentogène. Le boulevard, large et bien dégagé pousse les automobilistes à une vitesse excessive.

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Dans l’ascenseur

4 janvier, 2009

Madame Barbichon et Madame Turlutu  prennent l’ascenseur ensemble. Madame Barbichon remarque qu’il fait bien froid ce matin. Madame Turlutu indique qu’elle a relevé moins 1 degré sur son balcon en se levant :

-          Vous vous rendez compte, Madame Barbichon ?

Madame Barbichon se rend compte. D’ailleurs la nouvelle ne l’étonne pas, « ils» ont annoncé jusqu’à moins 5 en pleine campagne.

-          D’un autre coté, on est en plein hiver, fait-elle remarquer, pleine de bon sens.

Madame Turlutu opine du bonnet qu’elle a enfoncé jusqu’aux oreilles :

-          C’est bien vrai, Madame Barbichon, il faut que les saisons se fassent. Vous croyez qu’ils nous ont monté le chauffage dans les bureaux ?

-          Ch’sais pas, on va voir, Madame Turlutu

La conversation emmène les interlocutrices jusqu’au 4ème étage où les portes s’ouvrent pour laisser descendre Madame Barbichon.

-          Bon, eh bin, me voilà arrivée, Madame Turlutu. On se retrouve à la cafèt’ tout à l’heure pour parler un peu ? Comme d’habitude ?

Tintin

Où l’on s’aperçoit que le marquis est inquiet (par Tintin)

3 janvier, 2009

Le marquis est furieux. Il avait rêvé pour son fils Hubert une carrière de grand guerrier, hardi et courageux. A la tête des troupes de sa Majesté, il aurait jeté l’ennemi à ma mer ou bouté les anglais hors de France, même s’il n’y a plus personne à bouter.

Au lieu de cet avenir, Hubert écrit des poèmes ! Hubert  s‘est taillé une solide réputation de rimailleur  auprès des dames de la cour qui en sont folles.

Maigrelet, vouté, laid à pleurer, Hubert ne sait rien faire d’autre que versifier

Le marquis a supplié sa Majesté de prendre Hubert  dans la garde des son palais. Même là,  plus personne n’en veut. Hubert s’est avéré incapable de retenir le mot de passe que les soldats échangent  au moment de la relève. On s’est aperçu aussi que, pour ne réveiller personne, il disait le plus doucement possible la phrase de sommation traditionnelle :

-          Au nom du Roi, qui va là ?

Dans ces conditions, vous comprendrez que l’avenir d’Hubert préoccupe son père.

Un bloggeur en pleine action

2 janvier, 2009

- Moi, je serais vous, j’irais pas sur son blog… c’est pas intéressant du tout !

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Cupidon et compagnie (par Tintin)

2 janvier, 2009

Jean-Pierre Cupidon suit, depuis plusieurs années, le dossier de Josiane. Chargé de mission dans la maison fondée par un ancêtre divin, il a hérité du délicat travail de trouver l’Amour pour Josiane Potiron. Le patron l’a soulagé de tous les autres cas. Car Jean-Pierre est le seul ange myope de la Maison « Cupidon et Compagnie » et ses flèches manquent régulièrement leurs buts. On le garde par bonté et parce que c’est le neveu de la patronne. Avec un nom comme le sien, deux ailes dans le dos et une paire de lunettes triple foyers sur le nez, on ne voit pas bien à quel autre emploi il pourrait postuler. S’il pouvait au moins nous débarrasser du dossier Potiron….

Ce soir, Jean-Pierre est de service. Il est caché sous une table de restaurant dans lequel Josiane Potiron a décroché une invitation à dîner. C’est inespéré. Ce n’est pas qu’elle est moche Josiane. Elle est plutôt élégante : fine, élancée, bien proportionnée. Mais son visage n’est guère avenant. Ses cheveux raides résistent à tous les shampooings supposés leur donner du volume. Ses joues sourient rarement, et puis son regard, en dépit d’une jolie couleur vert d’eau, tient à bonne distance tous les soupirants trop entreprenants. Tout en cherchant l’âme sœur, Josiane se méfie de tous les hommes. Son caractère revêche désespère Jean-Pierre Cupidon, mais il est boulot-boulot, il continue à coacher Josiane.

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La basse-cour

2 janvier, 2009

Les cloches de l’église sonnent la messe du matin.

La vache Elsa fait « meuh!meuh! » pour saluer le départ du train de 8h15, tout en remarquant un léger retard. La poule Berthe fait « cotcotcodeck! » pour convier ses cogénères à admirer sa première ponte de la journée. Le porc Marco fait « groin!groin! » pour se motiver dès potron-minet. Le chat Lucien fait « miaou!miaou » pour prévenir que c’est l’heure de sa toilette et qu’il convient de ne pas le déranger. Le chien Balthazar fait « ouah! ouah! » à tout hasard, ça lui permet de se rassurer sur sa présence physique. 

L’homme fait « M….! je suis en retard! »

Tintin

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