Histoire de chiffres

Tous deux se tenaient comme les cinq doigts de la main. Lorsqu’ils avaient vingt ans, ils jouaient trois-quarts dans la même équipe de rugby. Après les matches, c’était la vie à cent vingt pour cent. Les ripailles des soirs de victoire où ils vidaient des demis moussus en mangeant comme quatre débutaient vers vingt deux heures pour s’achever à quatre plombes du mat’. En été, ils organisaient des courses folles à cent cinquante à l’heure sur la départementale vingt quatre. Chacun étaient entouré  de cinq ou six filles à la fois dans la joie et le rire de leurs trente deux dents.

A soixante dix ans, ils ont encore mille choses à  raconter. La semaine dernière, c’était le vendredi treize, ils se sont battus comme des chiffonniers pour entrer aux « Sept Nains », une boîte à la mode pour les jeunes de dix huit printemps. Ils ont vu trente six chandelles avant d’être conduits à l’hôpital. Au service des urgences, ils ont attendus sept heures avant d’avoir droit à quinze points de sutures à eux deux.

Ils se moquent de leur âge comme de l’an quarante. Ils ne couperont jamais la poire en deux et continueront, six pieds sous terre, à brûler la chandelle par les deux bouts.

Tintin

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