Archive pour le 18 janvier, 2009

Des femmes de communication

18 janvier, 2009

Madame Bernichon et Madame Turlutu sont des femmes de communication. Enfin surtout entre elles. Le matin, en arrivant dans l’ascenseur qui les élève vers leurs bureaux, elles s’inquiètent du temps qu’il fait et de leurs santés respectives. Vers dix heures, à la cafétéria, elles ont un entretien politique qui leur permet de faire un large tour d’horizon des potins qui courent dans les couloirs. Vers midi, c’est la pause méridienne bien méritée pour les deux femmes. A la cantine, elles peuvent approfondir leurs points de vue sur le plat du jour d’une part et la prochaine réorganisation de service d’autre part. Enfin à seize heures, elles se rejoignent de nouveau à la cafétéria pour un brainstorming vigoureux sur les évènements de la journée et notamment les mauvaises manières de leurs voisins de bureau.

Aujourd’hui, c’est samedi. Comme chaque semaine, elles se rencontrent, poussant leurs caddies dans le même hypermarché. L’endroit de leurs retrouvailles est immuable : entre les pots à cornichons et les rouleaux de papiers toilettes. Le lieu est stratégique puisqu’en disposant bien leurs chariots, elles bloquent toute l’allée des boites de  conserves aux clients qui se pressent. Comme chaque semaine également, Madame Turlutu s’exclame :

-          Quelle bonne surprise !

Madame Bernichon répond que ça fait du bien de se voir de temps en temps parce qu’au bureau on n’a jamais le temps de causer. Madame Turlutu prend poliment des nouvelles du grand fils de Madame Bernichon qui vient d’entrer à l’Université. Madame Turlutu pense qu’il aura un beau métier plus tard, tout en jetant un coup d’œil au loin pour s’assurer que Madame Ripaton et Madame Boulingrin gênent bien l’accès aux liquides vaisselles en discutant de n’importe quoi. Il faut que les ménagères du quartier affirment leur présence tout de même !

Pendant ce temps, certains clients mal intentionnés tentent de s’infiltrer en direction des boites de petits pois. Madame Bernichon et Madame Turlutu se retournent indignées, d’un même élan :

-          Bousculez-nous pendant que vous y êtes !

A suivre. Enfin… peut-être!

Tintin

Notre rubrique sportive (suite) : le gardien

18 janvier, 2009

Le premier a été inscrit par un jeune maghrébin qui lui avait semblé se déhancher d’un air comique avant la partie. Le buteur a buté, s’est retourné vers les siens, a hurlé comme un fou, puis il a beaucoup ri. Le second lui a paru incompréhensible : l’avant centre a pris des poses, minaudé comme une jeune fille et expédié un tir brossé dans la lucarne. On n’a pas idée de marquer des buts en ayant l’air de prendre le thé. Le troisième n’aurait pas du exister. Un sinistre milieu de terrain s’est infiltré dans la défense au moment précis où les latéraux passaient commande de leur jus de fruit préféré pour la mi-temps. L’intrus a profité de l’aubaine sans même un regard pour ses adversaires.  Le quatrième a été grotesque : l’avant-centre est parti d’un grand rire franchement odieux pour impressionner l’arrière-garde de l’équipe et aggraver la marque d’un geste arrogant. L’exégèse du cinquième but est plus compliquée : parti de loin, le tir a pris une trajectoire zigzagante dans l’espace, éreintante à suivre du regard, épuisante à anticiper. Puis, le jeune latéral à encéphalogramme plat, en méforme totale, auteur de cette infamie, a trouvé intéressante l’idée de tomber genoux à terre dans la pause de Lilian Thuram après son deuxième but contre la Croatie en 98.

Finalement, le gardien pense qu’aucun des cinq buts qu’il a encaissés n’était valable.

Tintin