Archive pour janvier, 2009

Un petit tour du Monde

31 janvier, 2009

Dieu surveille son Monde. Et comme il ne peut pas veiller sur tout le monde, il opère habilement par sondage. Aujourd’hui il a tiré au sort les brebis dont il va prendre des nouvelles.

Souleymane s’est embarqué au milieu d’un groupe de cinquante clandestins sénégalais pour venir travailler en Europe.

Roberto fait le guet pour protéger son groupe de guérilleros dans un endroit perdu de la jungle amazonienne.

Malik négocie un joint dans une cité HLM de la banlieue lyonnaise.

Alexis sort, dépité, tête basse des bureaux de l’ANPE : il n’y a encore rien pour lui cette fois-ci.

Juliette sèche les cours du collège pour se balader avec les copines.

Martha  déambule sur les trottoirs d’Amsterdam.

Mauricio cherche sa nourriture dans les décharges de  Bombay.

Robert vient d’augmenter les dividendes de ses actionnaires  et de baisser les salaires de ses employés.

Valentine secoue sa salade par la fenêtre.

Nicolas prend des décisions importantes dans son palais.

Bref, tout est conforme à l’ordinaire. Dieu range son télescope.

Nouvelle technologie!

31 janvier, 2009

- Il parait qu’on peut mettre de la musique maintenant sur les blogs…. Je pourrais peut-être chanter un petit quelque chose?…

- Il manquait plus que ça!….

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Un drôle de vendeur…

30 janvier, 2009

Pendant quelques mois, j’ai été vendeur, spécialisé dans le gros électroménager chez Darcy. Au début, affublé d’une splendide chemise jaune fluo, je paradais fièrement au milieu des rangées de frigos et machines à laver, prêt à fondre sur mes premiers clients, dans l’atmosphère douce et feutrée d’un grand magasin de banlieue.

J’avais suivi deux semaines de formation aux techniques de vente. Les stagiaires étaient sensés retenir une idée générale : le client ne connaît rien au principe du réfrigérateur et encore moins à celui de la cuisinière ou de la machine à laver. La conséquence directe, c’était que le vendeur n’avait pas besoin d’en connaître beaucoup plus.

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Histoire de chiffres

29 janvier, 2009

Tous deux se tenaient comme les cinq doigts de la main. Lorsqu’ils avaient vingt ans, ils jouaient trois-quarts dans la même équipe de rugby. Après les matches, c’était la vie à cent vingt pour cent. Les ripailles des soirs de victoire où ils vidaient des demis moussus en mangeant comme quatre débutaient vers vingt deux heures pour s’achever à quatre plombes du mat’. En été, ils organisaient des courses folles à cent cinquante à l’heure sur la départementale vingt quatre. Chacun étaient entouré  de cinq ou six filles à la fois dans la joie et le rire de leurs trente deux dents.

A soixante dix ans, ils ont encore mille choses à  raconter. La semaine dernière, c’était le vendredi treize, ils se sont battus comme des chiffonniers pour entrer aux « Sept Nains », une boîte à la mode pour les jeunes de dix huit printemps. Ils ont vu trente six chandelles avant d’être conduits à l’hôpital. Au service des urgences, ils ont attendus sept heures avant d’avoir droit à quinze points de sutures à eux deux.

Ils se moquent de leur âge comme de l’an quarante. Ils ne couperont jamais la poire en deux et continueront, six pieds sous terre, à brûler la chandelle par les deux bouts.

Tintin

Travailler moins pour en faire encore moins

27 janvier, 2009

Il était un peuple qui ne travaillait vraiment pas beaucoup. Les hommes et les femmes ne faisaient rien et vivaient d’un rien. Ce pays était, bien entendu, gouverné par un roi fainéant.

Ce souverain désœuvré voulait pourtant que son Etat soit particulièrement brillant dans au moins une discipline. Mais il avait un problème de taille pour travailler au développement de la renommée de son pays. Il ne pouvait pas communiquer avec son Grand Chambellan qui était atteint d’une maladie curieuse se manifestant par un long poil dans la main. Le roi, qui se sentait déjà très atteint lui-même par le parasite de l’oisiveté, ne fréquentait donc pas son Ministre qui se trouvait, dès lors, royalement payé à ne rien faire.

Le chef de cet Etat décida donc, seul, d’engager un navire de sa flotte dans l’épreuve de galères organisée dans le cadre du championnat maritime inter-royaumes. Malheureusement, l’équipage le représentant arriva bon dernier puisque les hommes chargés de faire avancer le navire avaient décidé de ne pas en ficher une rame avec l’accord des gardes-chiourmes qui, de toute façon, n’activaient pas le fouet, soucieux qu’ils étaient de parfaire leur bronzage, mollement étendus sur le pont arrière.

Pour soulager sa déception, le roi inoccupé décida d’organiser un grand trophée de tournage de pouces. Pour briller, il comptait sur une son armée de fonctionnaires qui s’entrainaient durement toute l’année, sur un immigré Corse et sur la présence d’un mexicain basané qu’il avait fait naturalisé. Mais ses troupes transies par l’enjeu furent une nouvelle fois défaites puisque l’horaire des compétitions avait été maladroitement fixé pendant la sieste quotidienne des champions locaux.

A la suite de cette épreuve, à tous les sens du terme, le roi fainéant se dit qu’il régnait sur des bons à rien. Mais, au prix d’un effort épuisant de réflexion, il trouva finalement qu’il y avait lieu d’être très fier de ses sujets puisque, lorsqu’il s’agissait de ne rien faire, ses sujets étaient encore plus mauvais que les autres.

Un as du barreau

26 janvier, 2009

Dans un geste d’autosatisfaction qui lui était coutumier, Maïtre Dufourneau passa la main dans sa longue barbe blanche.  En regardant les piles de dossiers qui envahissaient son bureau, il pensait qu’il était décidemment un grand avocat. 

Dans l’affaire du camembert, il avait facilement obtenu la condamnation du renard qui avait dérobé le fromage du corbeau au prix d‘une ruse misérable. Ce succès avait été assez aisé puisqu’il avait pu mettre la main sur le témoignage écrit d’un grand fabuliste, témoin direct de la scène. De plus, le renard avait un casier judiciaire chargé : les poulaillers du voisinage portaient encore la trace de ses larcins. Les volailles du pays ne s’étaient pas privées pour l’accabler devant le Tribunal.

L’empoisonneuse de Blanche-Neige avait également été aisée à confondre. Dufourneau avait fait citer les sept nains à la barre des témoins, même les dénommés Timide et Simplet. Il avait fallu installer un escabeau en pleine salle d’audience pour qu’ils soient distingués par les juges, mais les petits êtres avaient su tirer des torrents de larmes de la part des jurés. La sorcière avait été sévèrement condamnée et la reine qui l’avait commanditée n’avait pas non plus échappé à la punition.

D’autres causes avaient été plus ardues à défendre. Ainsi, il avait du batailler ferme pour faire condamner la belle-mère de Cendrillon pour défaut d’assistance et exploitation abusive de son enfant. Cette femme et ses deux filles avaient été d’une mauvaise foi et d’un entêtement inébranlables à l’audience. Maître Dufourneau, grâce à un enquêteur privé, avait retrouvé une jeune servante cambodgienne que la vieille avait honteusement surexploitée à son service, 20 heures par jour, avant de s’en prendre à Cendrillon. L’histoire de cette jeune fille avait enfin emporté l’adhésion de
la Cour qui avait fortement puni la belle-famille de Cendrillon. Celle-ci qui était devenu princesse entre temps, grâce à une histoire d’escarpin perdu, avait néanmoins usé de son droit de grâce pour absoudre les condamnées ce que Maître Dufourneau avait vivement regretté.

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Etudions quelques points de vocabulaire et de grammaire

25 janvier, 2009

S’en ficher comme d’une guigne. Je croyais que la guigne était une maladie plus ou moins bien répertoriée dans les dictionnaires médicaux. C’est faux. C’est d’autant plus faux qu’on ne voit pas bien pourquoi un être humain qui aurait attrapé la guigne, qui rappelons-le n’est pas une maladie, aurait pu ne pas considérer cet incident comme important. La guigne est d’après certains une cerise à variété molle et à la chair sucrée. Ce n’est pas une raison pour s’en ficher.

Filigrane. J’ai longtemps cru que le mot s’écrivait et se prononçait « filigramme ». Eh bien, non ! Le mot n’a rien avoir avec le monde des poids et mesures. Le filigrane est le dessin  que vous voyez apparaitre dans votre billet de banque lorsque vous le tenez à contre-jour. Encore faut-il avoir des billets de banque dans sa poche. Je rappelle qu’il n’est pas envisageable de distinguer une forme à l’intérieur de votre carte bleue si vous la regardez face à la fenêtre. Enfin… vous pouvez toujours essayer.

Guillemet. Plusieurs savants conviennent que les guillemets tirent leur dénomination du nom du linguiste célèbre Guillaume. Voilà une découverte fondamentale qui dépasse largement celle de la TSF. Je trouve assez génial d’inventer une chose qui permet de dire dans un texte ce qu’un autre a dit tout en ayant l’air de ne pas y accorder un quelconque crédit. Dans le genre un peu faux-jeton, on ne fait pas mieux. Un tel a dit ça, je vous le répète, mais si ce n’est pas vrai je m’en lave les mains, d’ailleurs j’ai mis des guillemets pour bien vous faire remarquer que ce n’est pas moi qui l’ai dit. Et puis au cas où la phrase d’un tel aurait un certain succès, vous noterez au passage la qualité de mes citations. Vive le guillemet !

Tintin

Les soucis de la marquise

25 janvier, 2009

La marquise était furieuse. D’après plusieurs témoignages convergents, il semblerait que, lors de sa promenade de l’après-midi, le sourcil droit de sa Majesté se soit soulevé d’une manière favorable alors qu’elle passait devant la comtesse, qui plongeait au même instant dans une révérence parfaitement hypocrite ouvrant, au royal regard, un large point de vue sur son généreux décolleté. D’après certains témoins dignes de foi, un voile d’intérêt sensuel  serait même passé dans l’œil gauche de sa Majesté.

La marquise ragea. La comtesse était  d’une habileté perverse. Elle dominait  largement la baronne qui avait cru bon, la semaine précédente, de laisser tomber son mouchoir de dentelle au passage de sa Majesté en espérant que celle-ci se précipiterait pour le ramasser. Quelle sotte ! A ce moment précis, sa Majesté s’entretenait avec Monsieur l’Ambassadeur d’Espagne d’affaires internationales de la plus haute importance, si bien que la dentelle de la baronne fut foulée aux pieds par les deux hommes sans même qu’ils s’en aperçoivent, sous les moqueries de la Cour.

La marquise s’assit devant sa tapisserie qu’elle rejeta nerveusement au coin de la pièce tout en s’interrogeant sur la meilleure manière de se faire remarquer. Le temps pressait, la comtesse venait de se mettre en avant.

Alors que Lucullus, son caniche préféré,  lui rapportait fidèlement son canevas qu’il avait pris dans sa mâchoire, une idée germa dans l’esprit de la marquise. Quelle était donc l’idée de la marquise ?

PS. Quelqu’un a-t-il une idée ? Je n’en ai aucune. Pour l’instant.

Le périple de la petite pierre

24 janvier, 2009

La petite pierre dévala la pente en exécutant de grands bonds à chaque accident du terrain. Sa chute se termina sur le bord du lit de la rivière. Très étonnée, elle s’examina sous toutes les coutures : contrairement au dicton populaire, elle n’avait pas amassé mousse. La petite pierre se présentait sous une forme très particulière, arrondie d’un coté, tranchante comme un silex de l’autre ce qui lui conférait une grande originalité et la distinguait ainsi des autres cailloux dont l’allure était beaucoup plus simple.

Un galet qui se trouvait là, poli par les remous du cours d’eau, s’inquiéta courtoisement de l’origine de la petite pierre. Celle-ci raconta qu’elle était tranquillement installée sur l’un des chemins de la forêt qui surplombait la rivière  quand des pluies incessantes avaient entraîné un profond ravinement de la terre et un éboulement massif qui expliquait son arrivée un peu brutale en ces lieux. Il parait même qu’Alfred, le gros rocher qu’elle côtoyait dans la forêt avait chuté sur la route provoquant un monstrueux embouteillage.

Le galet qui, rappelons le était d’une grande politesse, répondit à la petite pierre que décidemment les minéraux voyageait beaucoup plus que ne le pensaient les humains puisque lui-même se trouvait, huit jours plus tôt, au sommet d’un glacier dont il fut délogé par le redoux printanier et le réchauffement de la planète.

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Les aventures de Lucien Grognasson

24 janvier, 2009

Aujourd’hui, Monsieur Grognasson est mal à l’aise. Lorsqu’il est sorti de son immeuble, les jeunes l’ont salué poliment, en se découvrant respectueusement. Certains ont même tenu la porte à son passage. Dans la rue, les conducteurs ont respecté les passages pour piétons, s’arrêtant courtoisement au moment où Monsieur Grognasson s’y engageait. Il a même vu des adolescents aider des personnes âgées à traverser !

De plus, non seulement le temps est de la partie  pour sa promenade quotidienne, mais encore la présentatrice de la météo ne s’est pas trompée, après le journal télévisé de la veille ! Décidemment, ce n’est pas le jour de Monsieur Grognasson . Les allées du parc où il aime à flâner sont propres. Aucun papier gras ne traîne à terre. Pas la moindre canette de bière n’est abandonnée au pied des arbres !

Monsieur Grognasson n’est pas au bout de ses ennuis. En rentrant chez lui, il a l’habitude de passer à la pâtisserie de Madame Poulichet, la pâtissière avec laquelle il peut à loisir se lamenter sur les évènements déplorables du quartier. Eh bien ! Nous vous le donnons en mille, Madame Poulichet sourit aujourd’hui ! Elle accueille Monsieur Grognasson d’un grand :

-          Vive la vie, Monsieur Grognasson !

A ce cri d’allégresse, Lucien Grognasson se dresse d’un bon sur son lit. Il est en sueur. Puis, soulagé, il se rend compte qu’il vient de faire un mauvais rêve : une existence où il n’y aurait plus aucun motif de se plaindre !

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